C'est
historique : le record absolu de chaleur du pays a été enregistré à
Carpentras, dans le Vaucluse, au 5e jour de la canicule exceptionnelle que vit
la France en cette fin du mois de juin 2019.
44,3°C
à 13H48 : le record absolu de chaleur a été enregistré à Carpentras, dans le
Vaucluse, au 5e jour d'une canicule exceptionnelle,
un phénomène appelé à se répéter avec le réchauffement climatique. "C'est
historique", a commenté le prévisionniste de Météo-France Etienne
Kapikian, notant qu'il pourrait être à nouveau battu d'ici la fin de la
journée. Le précédent record datait du 12 août 2003, avec 44,1° à
Saint-Christol-lès-Alès et Conqueyrac, dans le Gard, enregistré au coeur de la
vague de chaleur qui avait fait 15.000 morts en France.
4
départements en vigilance rouge
A
Carpentras, la température dépassait déjà largement les 40 degrés dès le milieu
de journée et une fois les étals du marché démontés, il ne restait plus que
quelques personnes dans les rues. Sur la place Maurice Charretier, les
terrasses ont été désertées. "On n'a jamais vu ça !",
s'exclame une restauratrice en contemplant les chaises vides. A quelques mètres
de là, de nombreux curieux s'arrêtent sous le panneau lumineux de la pharmacie
qui affiche la température. A 42°C, un agent de police reste sceptique : "C'est
pas fini, ça va encore monter". Quelques dizaines de minutes plus
tard, il avait raison.
Conséquence
de cette vague de chaleur exceptionnelle qui a poussé Météo-France à placer
Hérault, Gard, Vaucluse et Bouches-du-Rhône en vigilance rouge, et 76 autres
départements en vigilance orange, plusieurs villes du Gard et de l'Hérault
voyaient des pointes de 40 à 43 degrés en début d'après-midi.
"Tout
le monde est à risque en période de canicule"
Sur
l'autoroute entre Montpellier et Nîmes, une épaisse brume de pollution orangée
court de la mer aux Cévennes. Sur une aire de cette autoroute bien chargée à la
mi-journée, des parties de goudron commencent à fondre. "C'est de
la folie, ce temps", commente Jaime Gimenez, chauffeur routier. "Je
ne peux pas me reposer dans mon camion sans la clim'", souligne-t-il : "ça
rend le métier encore plus épuisant".
C'est
à Nîmes que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait sa première visite de la
journée, au CHU, où le centre d'appels répondait à de nombreuses personnes
inquiètes de "douleurs dans la poitrine" et de
"problèmes respiratoires" de parents âgés. "Tout le monde est à
risque en période de canicule", a martelé Agnès Buzyn, appelant à éviter
"tout effort inutile" avant de se rendre dans l'Hérault dans
l'après-midi.
Une
noyade par jour
Plus
au nord aussi, à Dijon, le record de température pour un mois de juin a été
battu jeudi avec 37,3°C. "Il fait plus de 30 degrés dans les
chambres la nuit", raconte à l'AFP Camille, 17 ans, interne dans un
lycée : "Ils nous donnent des bouteilles d'eau fraîche, on utilise
des serviettes humides", ajoute-t-elle, prenant le frais près d'une
grande fontaine du centre-ville. "La nuit qui suivra sera encore
torride près de la Méditerranée", prévient Etienne Kapikian. Samedi 29
juin, les 40°C pourraient encore être dépassés dans la région centre. Dimanche
30 juin, il y aura "de façon générale sur l'ensemble du pays un
net tassement des températures", à l'exception de la basse vallée du
Rhône (encore 38°C à Nîmes). Au Nord, après un pic de 37°C à Paris samedi, une
baisse à 29°C est attendue dimanche.
Le
Premier ministre s'est de son côté alarmé vendredi 28 juin d'une augmentation
sensible des noyades
depuis le début de la semaine, "une par jour". Le chef du
gouvernement, qui s'exprimait lors d'une visite au centre opérationnel des
urgences sanitaires au ministère de la Santé, a aussi appelé à la "responsabilité" des
automobilistes en ce début de week-end, rappelant que la circulation n'était
pas "totalement sans risque". La ministre des Transports
Elisabeth Borne a de son côté poussé ceux qui le peuvent à "décaler leurs
déplacements".
Pollution
à l'ozone
Le
ministre de l'Intérieur Christophe Castaner se rendra quant à lui vendredi
après-midi dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Dans ces départements,
comme dans l'Hérault et le Gard, les préfectures et les rectorats ont conseillé
aux parents de garder leurs enfants à la maison. Vendredi, 4.000 écoles étaient
fermées ou prévoyaient un accueil adapté sur l'ensemble du territoire selon
Matignon. Les sorties scolaires et les événements festifs étaient également annulés
ou reportés.
Sur
une large partie du pays, cette canicule s'accompagne d'une pollution à l'ozone
souvent persistante, irritante pour les poumons. La circulation différenciée
est ainsi maintenue vendredi dans la capitale, à Lyon et à Marseille. Avec le
réchauffement climatique, les scientifiques anticipent des vagues de chaleur
deux à trois fois plus nombreuses d'ici au milieu du siècle.
Par Sciences et Avenir avec AFP
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