VERS UNE PENURIE MONDIALE D'HUILE, L'INDONESIE SUSPEND SES EXPORTATIONS D'HUILE DE PALME
L'Indonésie a décidé de suspendre toutes ses
exportations d'huile de palme. C'est une décision qui a été prise le
mercredi 27 avril 2022 par un décret du ministre du commerce Airlangga Hartarto.
Cette annonce a plongée le marché des oléagineux dans la
tourmente.
Le marché des oléagineux est actuellement secoué par la rareté de l'huile. Cette situation, devenue
inquiétante au niveau mondiale pousse les dirigeants à
trouver les moyens de se servir. Cela a poussé le gouvernement Indonésien a
annoncé la fin de toutes les exportations d’huile de palme à partir du 28
avril. Cette décision s’applique non seulement aux dérivés des huiles alimentaires
(oléine de palme raffinée, blanchie et désodorisée), mais aussi à l’huile de
palme brute.
Cette mesure prise par le gouvernement vise à faire face à la pénurie et
à la flambée des prix de l’huile de cuisine issue de l’huile de palme, en cours
depuis plusieurs mois sur le marché intérieur. C'est la raison pour laquelle
Joko Widodo, le président indonésien affirme que la priorité est d'approvisionner la population car celle-ci est
prioritaire. Selon lui, il est ironique que le pays ait des difficultés à obtenir
de l’huile de cuisson alors qu'il en
produit.
Cette interdiction intervient après l’application par l’exécutif à
partir du 27 janvier dernier, d’une obligation faite aux exportateurs de livrer
20 % de leurs cargaisons de produits oléagineux sur le marché domestique afin
de tirer les prix vers le bas. L’interdiction des importations est provisoire,
mais aucune date limite n’a été fixée. Mardi, le président Joko Widodo avait
toutefois indiqué qu’il fallait que le prix de l’huile de cuisine se stabilise
à 14 000 roupies (0,91 euro) le litre, 30 % au-dessous du prix actuel.
En Afrique, cette décision s’annonce comme un casse-tête dans de
nombreux pays qui dépendent de l’Indonésie pour leur approvisionnement en huile
végétale. On peut citer notamment l’Egypte où 90 % de toute la consommation
avoisinant annuellement 1,2 million de tonnes d’huile de palme est satisfaite
grâce à des achats auprès de l’Indonésie. Au pays des pharaons s’ajoutent
également, l’Afrique du Sud et le Kenya.
Depuis près d'un an, huiles
végétales et les céréales sont les produits alimentaires ayant les connu une
importante volatilité de leur prix. Avec le conflit entre l’Ukraine et la
Russie et la multiplication des mesures de restriction dans le monde, la
situation reste très tendue sur les marchés. Cette restriction du pays d’Asie
du Sud-Est intervient dans un contexte où les cours des huiles végétales ont
déjà franchi des sommets en mars dernier. Ceci en raison d’un approvisionnement
mondial insuffisant et de la sécheresse en Amérique latine, principal foyer de
production d’huile de soja. Ces 6 derniers mois, les prix mondiaux des huiles
végétales ont grimpé de 50 %.
L'Indonésie, premier pays producteur d’huile de palme au monde, exporte
60% du marché mondial nous indique Pierre-Marie Aubert, chercheur en politiques
agricoles et alimentaires à l'IDDRI, l’Institut du Développement Durable et des
Relations Internationales. D'après lui, l’huile de palme agrège certes beaucoup
de maux : jugée mauvaise pour la santé, responsable de la déforestation et de
la violation des droits humains. Mais dans un contexte mondial où sur le marché
des huiles végétales, les tensions sont déjà fortes, quelles conséquences peut
avoir cette décision étant donné que les exportations indonésiens d’huile de
palme représentent 10% de la consommation mondiale d’huile végétale.
Amélia DACOSTA / AGM
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