SCIENCE: LA QUANTITÉ DE DÉCHETS PLASTIQUE DANS LES OCÉANS DEVRAIT TRIPLER D’ICI 20 ANS
Des
chercheurs s'intéressant à la pollution plastique estiment, dans une nouvelle
étude publiée dans la revue Science, qu'en suivant la trajectoire actuelle, le
déversement des déchets plastiques dans les océans devrait atteindre 29
millions de tonnes en 2040, soit trois plus qu'aujourd'hui. Au contraire, si
une transformation complète de notre utilisation du plastique est entamée, la
pollution pourrait réduire de 80 % en deux décennies. Reste à prendre des
politiques ambitieuses en la matière pour y arriver.
C’est un
rapport alarmant qui vient d’être publié
dans la revue Science. Plusieurs chercheurs de l’université de Leeds ont
modélisé cinq scénarios concernant l’utilisation du plastique, en partant du "business
as usual", c’est-à-dire en continuant sur la tendance actuelle,
jusqu’à une transformation complète de nos habitudes de consommation et de
production. Mauvaise nouvelle : ils ont estimé que si rien ne change, la
quantité de plastique dans les océans pourrait tripler d’ici 2040 pour
atteindre 29 millions de tonnes.
"Il
s'agit de la première évaluation complète de ce que pourrait être la situation
dans 20 ans", a expliqué à la BBC, le Dr Costas Velis, co-auteur de
l’étude. "Il est difficile d'imaginer une quantité aussi grande,
mais si vous pouviez imaginer étaler tout ce plastique sur une surface plane,
cela couvrirait 1,5 fois la superficie du Royaume-Uni".
Pire
encore, les chercheurs montrent la faible ambition des politiques actuelles de
lutte contre le plastique. Ils ont ainsi évalué que même en appliquant les
trajectoires de réduction de plastique des gouvernements que sont par exemple
l’interdiction des sacs plastiques, des pailles ou encore des cotons-tiges, la
pollution de cette matière dérivée du pétrole ne diminuerait que de 7 %.
Changements systémiques
"Le
message est qu’il faut être beaucoup plus ambitieux que nous ne le sommes
actuellement. Il n’est pas suffisant d’agir sur l’une ou l’autre de ces
mesures, il faut agir sur tous les fronts", a réagi
dans Le Monde Julien Boucher, directeur d’Environnmental Action (EA), co-auteur
de l’étude. Ainsi, le modèle le plus ambitieux obtient des résultats probants.
En agissant sur plusieurs leviers visant à réduire d’un tiers la production de
plastique, améliorer la collecte des déchets, augmenter l’utilisation des
matériaux alternatifs et en haussant considérablement la capacité de recyclage,
les quantités de plastiques rejetées dans les océans pourraient baisser de 80
%. "Les problèmes systémiques nécessitent des changements
systémiques", indiquent les auteurs.
Avec
cette étude, les chercheurs espèrent servir de guide aux "dirigeants,
décideurs, entreprises à la recherche de solutions pour endiguer le flux de
plastique dans l’océan". Les effets néfastes de cette pollution sont
en effet massifs. Les auteurs rappellent que près de 700 espèces marines et
plus de 50 espèces d’eau douce ont ingéré des microparticules de plastiques,
que la pollution bloque les systèmes de traitement des eaux et constitue un
terreau fertile pour les vecteurs de maladies.
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