DECRYPTAGE : SA RSE N’EST PAS MA RSE, MAIS ENSEMBLE SOUS-TENDENT LA DURABILITE
Par Momar NDAO |
La RSE est la déclinaison du développement durable au sein d’une organisation, dont une entreprise. Depuis 2010, la RSE est encadrée par une norme. Dans le champ de promotion de la RSE, les initiatives des entreprises/organisations rejoignent celles des autorités publiques. Ces initiatives définissent la RSE comme à la fois un impératif environnemental, une exigence sociale, une nécessité économique et politique.
L'envergure mondiale de certaines
questions touchant à l'environnement et à la santé, la reconnaissance d'une
responsabilité mondiale pour combattre la pauvreté, une interdépendance
financière et économique croissante et des chaînes de valeur géographiquement
plus dispersées impliquent que la portée des questions auxquelles est
confrontée l'entreprise/organisation peut largement dépasser son environnement
immédiat.
Des instruments comme la Déclaration de
Rio sur le développement et l'environnement (1992), la Déclaration de
Johannesburg sur le développement durable (2002), les Objectifs du millénaire
en matière de développement et la Déclaration de l'OIT relative aux principes
et droits fondamentaux au travail ; soulignent cette interdépendance au niveau
mondial.
Cet exemple de l’encadré ci-dessus,
illustre d’une part, que la prospérité d’une entreprise va au-delà de son
équilibre de bilan financier et d’autre part, les étroits liens entre organisation
et communautés. L’adoption d’une bonne
politique RSE, est une assurance, à toute organisation, par rapport à une
disparition à l’instar de SuisseAir.
Depuis les dernières décennies, la
mondialisation s'accompagne d'un accroissement de l'impact des différents types
d'organisations, dont celles des secteurs privé et public, des ONG, sur les
communautés et l'environnement. Les ONG et les entreprises fournissent
désormais nombre de services qui étaient habituellement assurés par le secteur
public, en particulier en Afrique où des pouvoirs publics sont confrontés à de
graves défis et contraintes dans des domaines tels que la santé, l'éducation et
le bien-être.
De quoi parle-t-on ? Qu’est-ce que
la RSE ? Qu’est-ce qui fait la réussite d’une politique RSE ? Telles
sont aujourd’hui les questions que se posent les acteurs et les décideurs des
politiques de développement durable. Mais comment camper un concept aussi
évolutif que la RSE, flexible à tout type d’organisation (entreprise, organisme
gouvernementale, ONG, PME, PMI, consuméristes, organisation syndicale, ...) disposant
d’un système de gouvernance ?
Prenons le problème dans l’autre sens…
La RSE, se traduit par la volonté de l'organisation, d'une part, d'intégrer des
considérations sociales et environnementales dans ses prises de décision, et
d'autre part, d'être en mesure de répondre aux impacts de ses décisions et
activités sur la société et l'environnement.
Ceci implique un comportement à la fois
transparent et éthique qui contribue au développement durable, respecte les
lois en vigueur et soit en cohérence avec les normes internationales de
comportement. Cela suppose également que la responsabilité sociétale soit
intégrée dans l'ensemble de l'organisation, qu'elle soit mise en œuvre dans le
cadre des relations que celle-ci entretient et qu'elle prenne en compte les
intérêts des parties prenantes.
A la lumière de cela, la question n’est
plus s’il faut ou non appliquer la RSE. La question devient plutôt :
comment faire ? Quels enjeux, quelles parties prenantes, quels
indicateurs, quels processus mettre en œuvre pour viser la durabilité d’une
organisation/entreprise ?
Des outils tels que les principes
directeurs de l’OCDE, le Pacte mondial des Nations unis, le GRI, les politiques
cadres des Banques de développement, les normes ISO : 9.001, 14.001, ..., se
recoupent, depuis 2010, dans la norme ISO 26.000, encadrant la RSE. Cette norme
décrit les thèmes de responsabilité devant être pris
en compte par les organisations et sur lesquels elles doivent rendre compte. La
norme ISO 26000 est articulée autour de sept
questions centrales.
- La gouvernance de
l'entité, qui permet de structurer l'organe
décisionnel de l'organisation quant à sa responsabilité sociétale (RS).
- Les droits de l'homme insistent sur la place centrale de l'être humain dans
la RS.
- Les relations et
conditions de travail rendent compte
de la relation entre l'employeur et les employés aussi bien du point de vue du
contrat, du dialogue social que des dispositifs de représentation collective.
- L'environnement, qui est impacté par chaque organisation de par son
activité, sa localisation et sa structure. Ce point permet d'analyser les liens
entre l'organisation et l'environnement.
- La loyauté des pratiques, cet aspect doit permettre de garantir des principes d'intégrité, d'honnêteté entre l'organisation et ses parties prenantes, en particulier ses clients/consommateurs et concurrents.
- Les questions relatives aux consommateurs, leurs principes de transparence, de redevabilité deviennent des enjeux forts suite à l'évolution de la relation entre les consommateurs et les organisations.
- L'engagement
sociétal/communauté et développement local, aborde la relation de l'organisation avec les territoires et les
communautés au sein desquels elle opère.
Chaque question centrale comprend
différents domaines d'action qui permettront à toute organisation d'identifier
les principaux impacts qu'elle génère sur la société. La description de chaque
domaine d'action comprend les actions à mettre en œuvre pour traiter ces
impacts.
Il devient important que les
organisations abordent la RS dans son ensemble et quelles que soient les
circonstances sociales ou économiques. Cependant, même si ces questions sont
interdépendantes, force est de constater qu’en Afrique la majeure partie des
initiatives RSE sont centrées autour de la dernière question centrale. Cette
question, concentre le plus souvent, les initiatives des entreprises qui
engagent des actions RSE. Quant aux autres organisations, elles pensent, à tort,
que la RS est réservée au monde des entreprises.
Par ailleurs, la RS/RSE permet
l’amélioration du chiffre d’affaire de l’organisation/entreprise, la gestion de
ses externalités sur la société et sur l’environnement. Ce qui rejoint
intrinsèquement les enjeux des objectifs de développement durable.
Toutefois, la mise en place de démarche
RSE pour se parer que de beaux habits communicationnels, nuit son intérêt.
L’accent sera mis sur les enjeux et
parties prenantes à fort impacts sur les procédures, outils et méthodes de son
cœur de métier. Un intérêt de partie prenante peut être affecté par les
décisions et activités de l'organisation. Cet intérêt associe un « enjeu » à la
partie prenante dans l'organisation qui crée une relation avec celle-ci.
Pour changer durablement les
comportements, il faut intégrer son engagement RSE, aux pratiques quotidiennes,
de façon explicite et familière à son organisation.
L'intégration de la RSE peut se traduire par trois
grandes étapes :
- un état des lieux, étape au cours de laquelle l'organisation identifie les points critiques sur lesquels elle doit agir en priorité ;
- le déploiement, phase durant laquelle les priorités d'action et les engagements pris sont intégrés dans l'organisation de l'entreprise ;
- le « rendre compte », dernière étape qui vise à répondre aux principes de redevabilité et de transparence en communiquant, auprès des parties prenantes, ses actions et engagements.
Il convient donc d’allier à la
définition de critères, de références et de normes RSE, la recherche d’une
culture partagée et d’objectifs communs à toutes les parties prenantes.
Il faut reconnaître que la promotion de
la RSE, au demeurant du développement durable, poursuit l’objectif de
renforcer le service rendu aux parties prenantes et de renforcer la cohérence
des systèmes de gouvernance et d’organisation lors des interventions.
Il s’agit de façon spécifique à :
- fournir des lignes directrices pour rendre opérationnelle sa responsabilité sociétale ;
- identifier et s'engager avec les parties prenantes et enfin, améliorer la crédibilité des rapports et déclarations sur sa RSE ;
- mettre en relief les résultats obtenus et les améliorer ;
- accroître la satisfaction et la confiance des clients ;
- promouvoir une terminologie commune dans le champ de la RSE ;
- être cohérent et ne pas entrer en contradiction avec les documents, traités et conventions existants, et les autres normes ISO[1].
Ainsi, la démarche RSE doit associer la
formalisation de repères, basés sur des indicateurs SMART, pour agir à
l’impulsion d’une dynamique commune d’amélioration des pratiques ;
nécessaires aux parties prenantes pour mieux se reconnaître dans les pratiques,
mais également, se faire connaître. Cette démarche, respectueuse des attentes évolutives
de chacun, doit donc viser l’amélioration continue de sa politique RSE et non
la sanction des activités ou structures, qui ne répondraient pas aux exigences.
Dans ce sens, la RSE doit être considérée comme une voie majeure du
développement durable en ce qu’elle peut guider, sans enfermer, légitimer,
contraindre ou certifier.
Les consommateurs, les clients, les
donateurs, les investisseurs et les propriétaires exercent de diverses manières
une influence financière sur les organisations dans le domaine de la RSE. Ces
facteurs, entre autres, constituent le contexte d'évolution de la RSE.
Ainsi, ce présent article nous a permis
d’aller à la découverte de la subtilité de cette science bien encadrée, hélas, utilisée,
le plus souvent, en Afrique à l’emporte-pièce.
Nous reviendrons probablement, dans un autre article, sur plus de détails sur la RSE en Afrique.
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