Les énergies marines (hors éolien) poursuivent leur progression
Les énergies marines, hors éolien offshore, montent en
puissance. Le rapport de l’association européenne du secteur, Ocean energy
Europe (OEE), montre que la capacité installée de ces « petites » énergies
marines a progressé de 25% en 2019 pour le houlomoteur et de 50% pour
l’hydrolien. En parallèle, un rapport d’Ocean energy systems (OES), programme
lancé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), regroupe différents
programmes indépendants, internationaux, gouvernementaux et de l’industrie en
la matière.
Premier constat d’Ocean energy Europe (OEE), l’Europe demeure
le leader mondial des installations marines fondées sur l’énergie des courants et sur le houlomoteur. Attention, les chiffres sont loin des
installations éoliennes offshore (loin des gigawatts), mais la courbe
d’apprentissage ressemble de plus en plus à celle des parcs éoliens en mer.
L’hydrolien monte en force en Europe
Ainsi, la capacité installée en énergie des courants
(essentiellement de hydrolien) a continué d’augmenter en 2019, atteignant
27,7 MW depuis 2010, soit près de quatre fois plus que dans le reste du
monde.
En 2019, 1,52 MW ont été ajoutés, ce qui est moins qu’en
2018 (3,7 MW) parce que les développeurs misent désormais sur des projets
plus importants, ce qui prend plus de temps à mettre en œuvre, précise OEE.
Préfigurant les machines à venir, la plus puissante hydrolienne mise en service
l’année passée l’a été en France. Un projet d’Hydroquest, société basée près de
Grenoble, qui a immergé une turbine à axe vertical de 1 MW à
Paimpol-Bréhat (Côtes d’Armor). Le kite hydrolien du développeur suédois
Minesto (au Pays de Galles, avec 500 kW) fait également partie de cette
catégorie des « grosses » machines. Également originaire de France,
la petite hydrolienne de Guinard (20 kW) est, elle, destinée au marché de
l’énergie local et a été mise à l’eau dans l’estuaire de la Ria d’Etel, dans le
Morbihan.
En revanche, de nombreux projets de taille quasi commerciale
sont dans le pipe et devraient entrer en service dès cette année, soit près de
3,4 MW prêts à entrer dans l’eau en 2020. Pour Sabella, autre
« leader » français du secteur, une nouvelle immersion au large de
Ouessant dans le cadre du projet Phares d’Akuo Energy avec EDF est prévue et
démontrera aussi l’intérêt des hydroliennes de capacité intermédiaire.
A la fin 2019, 10,4 MW étaient effectivement à l’eau en
Europe, la majorité d’entre eux étant installés en France et au Royaume-Uni.
La production d’énergie de ces équipements marémoteurs a
atteint 15 GWh l’an dernier, notamment grâce au projet de Meygen. OEE souligne
que les machines à l’eau ont démontré ainsi leur résistance aux difficiles
conditions marines. Les projets européens en place ont ainsi produit 50%
d’électricité de plus en 2019 que l’année précédente, selon les statistiques
publiées ce mardi par Ocean Energy Europe (OEE).
OES relève trois nouveaux projets Horizon 2020 – LiftWEC,
Element et NEMMO – chacun axé sur différents domaines d’amélioration pour les
dispositifs d’énergie houlomotrice ou marémotrice.
Ces projets contribuent à atteindre les objectifs du plan
stratégique pour les technologies énergétiques de l’UE (SET-plan) de 10 à 15 centimes
d’€/kWh d’ici 2025-2030 pour l’hydrolien et une même valeur d’ici 2030-2035
pour l’énergie houlomotrice.
Ailleurs dans le monde, c’est au Canada, en Chine et aux
États-Unis que les projets sont en cours de développement. Environ 1,8 MW
sont ainsi prêts à être lancés.
Le houlomoteur européen
Sur le houlomoteur, 603 kW ont été ajoutés dans les eaux
européennes en 2019. La croissance régulière du secteur au cours de la dernière
décennie se poursuit ainsi, indique OEE. Plusieurs projets ont été mis à l’eau
le long des côtes de l’Atlantique et de la mer du Nord, portant les
installations cumulées de l’Europe à 11,8 MW.
Le français GEPS Techno (Wavegem, 120 kW) et le finlandais AW
Energy (350 kW) ont installé, respectivement en France et au Portugal, leurs
premières machines à taille réelle ; premier pas vers des parcs pilotes
houlomoteurs. Les deux entreprises estiment pouvoir parvenir à monter en
puissance dans les années à venir.
Le dispositif OPT (3 kW, en Ecosse) est également à pleine
puissance ; sa capacité inférieure est appropriée pour alimenter
directement des équipements de surveillance et des applications similaires,
plutôt que pour la production d’électricité à grande échelle.
Les équipements en test (mais pas à taille réelle)
représentaient la moitié des installations en 2019, Nemos (70 kW, en
Belgique), AMOG (40 kW, en Cornouailles) et Waves4Energy (50 kW, en
Italie).
Bien que l’Europe reste à la pointe de l’énergie houlomotrice
en termes de capacité cumulée et d’excellence technologique, l’écart se réduit,
avec le reste du monde, signale cependant OEE. Les installations annuelles dans
d’autres parties du monde ont, pour la deuxième année consécutive, dépassé
l’Europe, précise OEE. Les États-Unis et la Chine commencent à récolter les
fruits d’investissements soutenus en RD&I, avec des installations combinées
de 1,8 MW en 2019.
Ailleurs dans le monde
OES est le nom du programme de collaboration technologique
lancé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour relier les
différentes programmes indépendants, internationaux, gouvernementaux et de
l’industrie en matière de technologies marines (hors éolien donc). L’OES compte
25 membres à fin 2019.
L’OES a renommé les enjeux en OES-environmental (OES-E), dont
font partie 15 pays, emmené par le DOE américain et mis en œuvre par le Pacific
Northwest National Laboratory. OES met notamment à disposition une base de
données Tethys avec de nombreuses études et rapport sur l’impact des énergies
marines.
Les Espagnols de Tecnalia ont présenté une étude sur les
coûts, dont les résultats ont été partagés avec les l’AIE dans le cadre de ses
travaux sur les renouvelables. OES a lancé deux programmes sur la modélisation
et la validation des technologies marines. La première est conduite par Raboll,
du Danemark, pour le houlomoteur, et la seconde par l’Energy Research Institute
de Nanyang Technological University, à Singapour, autour de l’énergie des
courants marins. Par ailleurs, un groupe de pays – Japon, Inde, Chine, France
et Pays-Bas – travaille sur les technologies ETM (Énergie thermique des mers)
afin d’évaluer le potentiel mondial et de discuter des projets actuellement en
cours.
Enfin, en 2019, une nouvelle étude a été lancée autour des
emplois dans le secteur, coordonné par France Énergies Marines. Un atelier a
par ailleurs eu lieu sur les énergies marines et les conditions insulaires.
L’OES a enfin soutenu un projet de l’EMEC, en Ecosse autour des sites de test
en mer.
OES passe en revue 20 pays et l’Union européenne, comptée
comme pays. A l’aune de cette revue de détail, au-delà de l’Europe, deux zones
sont particulièrement actives en matière d’énergies marines : l’Amérique
du Nord et l’Asie.
En Amérique du Nord, la Loi sur les énergies renouvelables
marines au Canada a été modifiée pour étendre les tarifs de rachat et les
accords d’achat d’électricité aux développeurs d’énergie marémotrice
travaillant sur « Force » (Fundy Ocean research centre for energy),
le site de recherche sur la technologie des courants de marée dans la baie de
Fundy, en Nouvelle Ecosse. Et deux autres sites de tests sont en service.
Jusqu’à présent, 7 MW ont été alloués pour l’énergie des marées par le pays.
De leur côté, les États-Unis ont lancé une nouvelle initiative
de R&D « Powering the Blue Economy » pour explorer les opportunités
sur les marchés océaniques américains. Le Water Power Technologies Office
(WPTO) du ministère de l’Énergie (DOE, en initiales anglaises) a alloué
25 M$ pour des projets innovants, et a lancé toute une série d’appels à
projets dotés de financements. Au total, le pays dispose de 13 sites d’essais,
dont certains alloués par la Marine nationale (Navy).
En Asie
Des progrès sont constatés par OES, l’Inde rend les
technologies marémotrices, marémotrices et OTEC éligibles aux obligations
d’achat renouvelables, et la Chine fournit un tarif de rachat temporaire de
0,33 € / kWh pour la technologie des courants de marée. La Corée
du Sud a dédié près de 17 M$ à ces projets marins.
L’énergie cumulée produite à partir de l’énergie des vagues et
des courants de marée est passée de moins de 5 GWh en 2009 à 45 GWh
en 2019. Cette multiplication par dix place le secteur sur une voie prometteuse
pour la prochaine décennie.
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