Le
surplus de pétrole sature les capacités mondiales de stockage
Les mesures de confinement destinées à enrayer la pandémie de Covid-19 ont anéanti la demande d’hydrocarbures, alors que l’offre reste pléthorique. Les stocks atteignent de tels niveaux que certains producteurs devront peut-être payer pour se débarrasser de leur pétrole.
Le monde se noie sous l’or noir. “Les tankers, les oléoducs et les cuves stockant
le pétrole excédentaire pourraient ‘déborder’ d’ici quelques semaines, avertit The Times, en s’appuyant
sur les prévisions publiées mercredi
15 avril par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Car la pandémie de Covid-19 entraîne une baisse
sans précédent de la consommation de carburant.” Dans ce grand
confinement planétaire, les voitures ne roulent plus, les avions sont cloués au
sol et de nombreuses usines sont à l’arrêt.
“Des dizaines de navires-citernes contenant près de 1 million
de tonnes d’hydrocarbures sont à l’ancre près des côtes européennes, ajoute
le quotidien britannique, qui cite l’agence Reuters. Ils
ne peuvent pas décharger leur cargaison, car à terre les capacités de stockage
sont saturées.”
“Du jamais-vu depuis 2012”
Sous la pression de Donald Trump,
anxieux de sauver l’industrie pétrolière américaine, les treize pays de l’Opep
et leurs alliés menés par Moscou ont annoncé, le 12 avril, qu’ils réduiraient
leur production de 9,7 millions de barils par jour à partir du 1er mai, pendant
deux mois.
Mais cet engagement inédit, qui revient
à soustraire du marché 10 % de l’offre mondiale, ne suffira pas à rééquilibrer
la situation à moyen terme. Selon l’AIE, la demande mondiale devrait
s’effondrer de 9,3 millions de barils par jour (mbj) cette année, pour
s’établir autour de 90,6 mbj.
“Du jamais-vu depuis 2012, relève Le Temps. Pour
le seul mois d’avril, l’AIE prévoit une chute de 29 mbj par rapport à 2019. La
consommation devrait encore reculer de 26 mbj en mai, et de 15 mbj en juin”,
précise le quotidien suisse.
Bientôt des prix négatifs ?
Conséquences : les cours restent
très bas (moins de 20 dollars le baril de pétrole WTI américain, un peu moins
de 28 dollars pour le brent de la mer du Nord, le 15 avril). Et ils ne sont
sans doute pas près de remonter. Car pour éviter d’avoir à interrompre le
pompage, ce qui serait à la fois compliqué et très coûteux, certaines
compagnies n’auront d’autre choix que de casser les prix.
Le Wall Street
Journal prévient même :
"Dans les régions où le brut est
difficile à transporter, les producteurs pourraient bientôt être contraints de
payer les consommateurs qui accepteront de les débarrasser de leur pétrole – ce
qui, de fait, se traduirait par des prix inférieurs à zéro.”
“Cet effondrement bouleverse le
secteur de l’énergie et même les calculs utilisés sur le marché des produits
financiers dérivés du pétrole, ajoute le quotidien américain. CME Group, la
plus grosse bourse d’échange de contrats à terme et d’options, est en train de
reprogrammer son logiciel afin de pouvoir prendre en compte des prix négatifs
pour les instruments financiers liés à l’énergie.”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire