La pandémie de Covid-19 fait chuter les cours des produits alimentaires en mars (FAO)
Une baisse de la demande et une chute des prix de l’huile
provoquées par la pandémie de Covid-19 contribuent à faire baisser les prix
internationaux des principaux produits alimentaires, a annoncé ce jeudi
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
« Les prix mondiaux des produits alimentaires ont fortement
baissé en mars, principalement en raison de diminutions au niveau de la demande
dues aux effets de la pandémie du Covid-19 et d’une baisse des prix mondiaux de
l’huile due principalement aux prévisions faisant état d’un ralentissement
économique alors que les gouvernements ont adopté une série de restrictions
visant à faire face à la crise sanitaire », souligne la FAO dans un communiqué
de presse.
Selon l’agence onusienne basée à Rome, les prix des produits
alimentaires ont baissé, en moyenne, de de 4,3% depuis février.
« Ces baisses de prix s’expliquent en grande partie par les
facteurs relatifs à la demande et non à l’offre. Les facteurs relatifs à la
demande sont influencés par des perspectives économiques qui tablent vers une
constante détérioration », a précisé Abdolreza Abbassian, Economiste principal
à la FAO.
Parmi tous ces produits, la diminution la plus notable a été
celle du sucre avec une baisse de près de 20% par rapport à février dernier. En
cause : une baisse de la consommation hors domicile liée aux mesures de
quarantaine imposées par plusieurs pays et une baisse de la demande en
provenance des producteurs d’éthanol en raison de la forte chute des prix du pétrole
brut.
Les prix des huiles végétales ont diminué de 12% en un mois en
raison de la chute des prix de l’huile de palme, elle-même due à la forte
baisse des prix des huiles brutes et minérales et des préoccupations concernant
les impacts de la pandémie sur les marchés d’huile végétale à travers le monde.
« Une baisse due à la baisse sur les biocarburants, qui
représentent une source importante de demande sur les marchés du sucre et des
huiles végétales », a indiqué Peter Thoenes, analyste à la FAO.
Hausse des prix mondiaux de riz pour le troisième mois consécutif
Pour les produits laitiers, les prix ont chuté de 3% en raison
de la baisse de la demande mondiale d’importations pour la poudre de lait
écrémé et la poudre de lait entier. Une situation qui n’est pas étrangère aux
perturbations enregistrées au niveau de la chaine d’approvisionnement des
produits laitiers et la conséquence logique des mesures de confinement adoptées
par de nombreux pays en vue de lutter contre la propagation du Covid-19.
Le prix de la viande a baissé de 0,6% en raison de la baisse
des cotations internationales pour les viandes ovines et bovines dont les
disponibilités à l’exportation sont importantes mais dont les capacités
commerciales ont été entravées par des obstacles logistiques.
Les cotations pour la viande porcine ont néanmoins augmenté
face à l’augmentation de la demande mondiale et alors que les installations de
traitements ont été freinées dans leurs opérations par les restrictions
appliquées sur la circulation des travailleurs.
L’Indice FAO du prix des céréales a baissé d’environ 2% et est
resté proche de son niveau enregistré en mars 2019. Les prix mondiaux du blé
ont baissé tandis que l’abondance des stocks mondiaux et des perspectives de
récoltes généralement favorables ont compensé les projections faisant état
d’une hausse de la demande en provenance d’Amérique du nord et de certaines
limitations à l’exportation imposées par la Russie.
En revanche si les prix du maïs ont également baissé en raison
de l’abondance des stocks, les prix mondiaux du riz ont augmenté pour le
troisième mois consécutif. Une hausse qui traduit « les inquiétudes liées à la
pandémie et à des informations indiquant que le Vietnam pourrait introduire des
interdictions à l’exportation - une éventualité que le gouvernement a depuis
minimisé ».
Lors du sommet du G20 qui s’est tenu la semaine dernière, le
Directeur général de la FAO Qu Dongyu a demandé aux leaders nationaux d’éviter
« d’adopter des politiques susceptibles d’entraver les échanges commerciaux,
essentiels aux systèmes d’approvisionnement alimentaire ».
Des stocks de céréales relativement amples
Les prévisions de la FAO pour la production mondiale de blé
pour 2020 demeurent inchangées par rapport au mois dernier, lui faisant
atteindre le niveau quasi record de l’année dernière. Selon la FAO, cette donne
devrait aider à protéger les marchés alimentaires pendant la tempête provoquée
par le coronavirus.
Les prévisions de la FAO pour la production mondiale de blé
pour 2020 demeurent inchangées depuis le mois dernier avec 763 millions de
tonnes et des baisses de production attendues dans l’Union européenne, en
Ukraine et aux Etats-Unis qui seront cependant compensées par des gains de
productions prévus en Russie, en Inde et aux Pakistan - bien que les invasions
de criquets pèlerins dans les deux derniers pays cités pourraient freiner cette
hausse.
Pour le maïs, la principale céréale secondaire, des récoltes
exceptionnelles sont attendues au Brésil et en Argentine et la production de
maïs en Afrique du Sud devrait pouvoir se relancer suite à la vague de sécheresse
de l’année dernière. Ailleurs, les décisions d’ensemencement pourraient se voir
influencer par une baisse des prix mondiaux du maïs.
Les prévisions de la FAO concernant l’utilisation mondiale de
céréales pour la saison 2019/20 ont légèrement été revus à la hausse pour lui
faire atteindre 2.722 millions de tonnes, soit une hausse de 1,2% sur l’année.
Les stocks mondiaux de céréales à l’issue de la saison 2020
devraient baisser de 8 millions de tonnes par rapport à leurs niveaux
d’ouverture, faisant également baisser le ratio mondial stock-utilisation de
céréales pour lui faire atteindre plus de 30%, un niveau toujours considéré
comme acceptable. Le commerce mondial de céréales devrait augmenter de 2,3% par
rapport à l’année précédente pour atteindre 420 millions de tonnes.
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