Culture
du gingembre: pénible mais juteuse
La demande du gingembre tout comme le citron, a explosé sur le marché local en ces temps de crise sanitaire du coronavirus (Covid-19).
Présent
dans quasiment tous les mets et très utilisé dans la médecine traditionnelle,
le gingembre est très prisé au Togo et partout en Afrique. Pour une production
annuelle estimée à 60.000 tonnes, le gingembre est produit sur l'ensemble du
territoire national.
La
partie ouest de la région des Plateaux (Togo) est son principal bassin de
production, spécifiquement les préfectures de Wawa (plus forte zone de
production), Kloto, Akebou. Il est également produit dans les régions de la
Kara et des Savanes (nord-Togo).
"Si
au sud-Togo, le rendement est meilleur qu’au nord, le gingembre récolté par
contre au nord est plus épicé que celui du sud," révèle Alfa Kao,
producteur de gingembre à Wymdè (région de la Kara).
Kossi
Essotina Kpemoua, directeur de recherche à l'Institut togolais de recherche
agronomique (Itra) atteste le caractère plus épicé du gingembre des
régions du nord-Togo.
"L'ensoleillement
a un effet sur les fonctions qui sécrètent les éléments épicés. Mais, ils sont
moins gros que ceux de la région des plateaux et autres," révèle Dr.
Kpémoua.
"Pour
quelqu'un qui fait du jus, il vaut mieux avoir celui qui est plus gros. Mais si c'est pour les épices, il vaut mieux
avoir les gingembres où l'épice est plus concentré," suggère –t-il.
Pénible
mais juteuse
"La
main-d'œuvre pour travailler dans les champs de gingembre est très difficile à
trouver. Nous faisons traditionnellement et nous déterrerons en saison
sèche," témoigne Alfa Kao, producteur.
"En
fonction de l'abondance ou non, le prix d'une bassine de gingembre de 50 kg
varie entre 5.000 et 11.000 F.CFA", informe Kpeli Esso, producteur à
Broukou dans la préfecture de Doufelgou.
"Avec
un investissement de 150.000F.CFA, nous faisons un chiffre d’affaire de 200.000
F.CFA. Lors de la campagne passée, nous avons investi 175.000 pour obtenir
400.000F. C’est pénible mais juteux", se félicite le producteur Kao.
Une demande en forte croissance
Sur
le marché local, la demande du gingembre est sans cesse croissante et la
production nationale est toujours insuffisante. Les vendeurs ont témoigné de la
forte demande en ces temps du Covid-19.
Le
gap est comblé par les importations d'autres pays de la sous-région comme le
Nigeria. Et voilà que depuis plus de six mois, le Nigeria a fermé ses
frontières avec le Bénin.
"De
Janvier jusqu’au début avril, le gingembre importé du Nigeria vient en
complément pendant que les producteurs du Togo sont en pleine production. Nous
importons 2.200 sacs en moyenne par mois. La fermeture de la frontière du
Nigéria a paralysé nos activités," confie à agridigitale, Afoua Prénam
Aloula, présidente de l'Association Procession Plus, revendeuse de gingembre au
grand marché de Lomé.
Selon
plusieurs acteurs, l'urgence d'organiser cette filière qui génère des revenus
sur toute la chaîne (production, transformation, commercialisation) devient nécessaire.
Les
producteurs interrogés souhaitent par exemple céder la bassine de 50kg à 15.000
F.CFA et passer à la vente au Kilo. Ils comptent sur l’appui du gouvernement à
travers le ministère en charge de l’agriculture.
La
coopération allemande au Togo (GIZ) suit également de près le développement de
cette filière. Des discussions seraient en cours avec l’ITRA pour élaborer
l'itinéraire technique de cette culture, très importante pour la santé humaine.
Un
créneau à explorer également par les agripreneurs et les passionnés de
l'agrobusiness.
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