En Norvège, une solution innovante pour stocker le CO2... sous les mers
Du carbone à la mer ! En Norvège, un nouveau procédé
est testé actuellement pour enterrer le dioxyde de carbone sous le plancher
marin. Explications.
A Klemetsrud, des panaches de fumée blanche
s’échappent de l’incinérateur de déchets de Fortum Oslo Varme, le plus grand
de Norvège. Cette usine cogérée par le Finlandais Fortum et la ville d’Oslo
produit 400 000 t de dioxyde de carbone par an, soit 20 % des émissions
de la capitale. Mais, depuis août 2018, le site abrite un projet de captage et
de stockage du carbone – dit CSC – qui pourrait bientôt faire disparaître
cette pollution. Le procédé, breveté par l’entreprise pétrolière Shell,
consiste d’abord à capter le CO2 issu de la combustion des déchets.
Dans l’unité pilote de l’usine, où sont effectués
les premiers tests, 1 000 t de dioxyde de carbone ont déjà été
récupérées. Puis, le CO2 a été «nettoyé» à l’aide d’une solution aqueuse
d’amines. Résultat : plus de rejets polluants mais de la vapeur d’eau à 99,78
% (et 0,22 % d’oxyde d’azote, ainsi que d’oxyde et de dioxyde de carbone).
Au-delà de la phase test, l’idée consiste à liquéfier et embarquer le CO2
jusqu’à une plateforme pétrolière, d’où il sera injecté via des pipelines
à environ 3 000 m sous le plancher marin.
Enterrer le CO2 ? Les experts du Giec ont
déjà inclus cette solution, parmi d’autres, dans leurs scénarios pour
limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Le parlement norvégien se
prononcera d’ici à 2021 sur le financement de ces installations (environ 1,3
milliard d’euros pour deux sites) et leur démarrage à l’horizon 2024.
Un nouveau filon qui pourrait rapporter gros car
d’autres pays, comme le Royaume-Uni, envisagent d’enterrer leur CO2 : «Nos
capacités de stockage en mer du Nord sont quasi illimitées, affirme
Martin Anfinnsen, le directeur commercial d’Equinor (le consortium en charge du
transport et du stockage). Au lieu de réchauffer le climat, le CO2
sera stocké en toute sécurité sous le fond de l’océan.» Selon le
ministère norvégien du Pétrole et de l’Energie, la Norvège pourrait stocker
à elle seule 400 millions de tonnes de CO2 par an à l’horizon 2050,
l’équivalent des émissions de la France (1 % des émissions mondiales).
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