Eaux usées traitées : pourquoi cette nouvelle ressource est à utiliser
Les eaux usées traitées représentent des millions de m3 d'eau,
dont on se sert peu. La Water Reuse, ou Reut pour
Réutilisation des Eaux Usées Traitées, reste marginale : question
sanitaire, réglementation et partage du coût de traitement de ces « eaux
grises » freinent l'usage. Mais ça pourrait vite changer !
La tension sur la ressource en eau n'a jamais été
aussi forte, et s'accentue : il faut trouver la parade face aux sécheresses,
arrêter de gaspiller. Le recyclage de
l'eau et son ré-emploi sont aujourd'hui encouragés. Savoir ce que l'on
entend par eau usée nécessite de disposer de
plusieurs éléments clé : quel est l'usage initial de l'eau, quelle est sa
nature, son degré de contamination,
quelle technique est utilisée pour la « dépolluer », etc. Une
volumineuse documentation sur les eaux usées traitées existe.
De quelles eaux usées recyclables parle-t-on ?
Concrètement, trois grands types d'eaux usées
recyclables peuvent être concernés :
- les eaux grises des stations d’épuration ;
- les eaux résiduaires internes des industries ;
- les eaux pluviales urbaines.
Une station d'épuration classique. © Galam, Adobe Stock |
À quoi peut servir l’eau usée traitée ?
Une forte réglementation encadre l'usage de la «
Re-use » et diffère dans chaque pays. Cette eau
usée recyclée peut pourtant servir de multiples façons, et les usages
se diversifient !
En France, seulement 0,6 % des eaux usées traitées
sont réutilisés. Les champions européens de la Reuse sont
l'Italie et l'Espagne, avec 8 et 14 % d'utilisation de leurs eaux usées
traitées. Israël atteint 80 % de Reuse. L'agriculture (irrigation)
et les espaces verts (arrosage des jardins, golfs, stades, etc.) utilisent déjà
la Reut (Réutilisation des eaux usées traitées). L'eau des industries
(effluents) et des stations d'épuration peuvent être utilisées en circuit
fermé, pour le nettoyage,
la production d'énergie (biométhanisation)
et le chauffage.
Un autre usage est l’eau potable.
L'eau dépolluée peut même, dans certains cas, recharger la nappe
phréatique. La Commission européenne veut faciliter la réutilisation
de l’eau usée épurée. La France compte tripler l'usage des eaux usées
traitées d'ici 2025, soit 1,8 %.
Agriculture, arrosage des espaces verts, les usages sont multiples. En France, 0,6 % des eaux usées traitées sont réutilisées. © Sura Nualpradid, Adobe Stock |
Quels sont les bénéfices de la réutilisation des eaux usées traitées?
Les avantages à utiliser les eaux usées traitées sont
de différentes nature. Dans un contexte de dégradation de l'environnement,
l'attente sociétale pour éviter le gaspillage de l'eau est de plus en plus
forte. Les entreprises peuvent aussi voir un intérêt économique à
utiliser l’eau usée
recyclée. On peut observer trois types de bénéfices lorsque l'on évoque
la Water Reuse :
- Environnemental :
économie de l'eau jusqu'ici prélevée ; moins d'intrants injectés
dans le milieu naturel car l'eau usée, traitée et ré-utilisée,
contient de la matière organique
; limitation des rejets polluants à la source, dans l'industrie.
- Sociétal : économie
circulaire favorisée ; lutte contre le gaspillage et
recours à une nouvelle ressource.
- Économique :
en circuit interne, l'industrie peut alléger sa facture en baissant
de 40 % à 90 % sa consommation d'eau.
Comment faire pour que la Water Reuse fonctionne ?
Les
entreprises de l’eau maîtrisent les nouvelles technologies d'épuration
et l'approche circulaire, pour traiter l'eau usée de manière fiable et
favoriser le re-emploi. Un travail de fond est mené sur l'évolution de la
réglementation sanitaire et environnementale, pour pousser l'usage sans
compromettre la sécurité sanitaire et éviter de contaminer les sols.
Les partisans de la Reut appellent à changer
d'approche : les eaux usées traitées sont une source alternative d'eau,
de nutriments,
d'énergie. Les nouveaux projets de stations
d’épuration (et d'usine) doivent comprendre une dimension Reut, dès
leur conception.
Un modèle économique se structure en France, comme le
détaille l'étude de l’Institut
national de l’économie circulaire et du Cerema sur le petit cycle de
l'eau et la Reut. Ses préconisations tiennent à la planification territoriale
axée sur le multi-usage de la Reut et au partage des coûts de mise en
place et d'exploitation entre acteurs, afin qu'un modèle d'affaires soutenable
s'établisse, au bénéfice de tous.
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