Au Togo, une coopérative d’agricultrices lance avec succès un riz 100 % qualité supérieure
C’est jour de marché à Anié, ville commerciale à
200 km au nord de Lomé. L’affluence matinale pour le petit-déjeuner est encore
plus forte devant la gargote d’Anifa Aboubacar. Une clientèle de tous
âges fait la queue pour son « watché ». Elle cuisine tous les jours
depuis plus de 20 ans ce riz cantonais africain agrémenté d’haricots blancs et
de piments frits, très apprécié dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Et
elle ne badine pas avec la recette : « Le vrai watché se fait avec du
riz étuvé. Ici à Anié, nous avons toujours respecté cette tradition. »
« Je suis veuve et arrive enfin à prendre en charge ma famille. »
Mrs. KadokalihA member of the cooperative
Un riz de meilleure qualité et plus facile à produire
Traité à la vapeur après récolte pour conserver ses
vitamines et minéraux, le riz étuvé n’a pas de secret pour les femmes d’Anié
dont la plupart excellent dans la transformation traditionnelle du riz local.
Mais un groupe de femmes sort du lot : les Femmes vaillantes d’Anié. Cette
coopérative créée en 2007 par 12 agricultrices produit un riz étuvé de qualité
supérieure. « Avant on faisait de l’étuvage en versant directement du riz
non décortiqué dans une marmite remplie d’eau, ce qui occasionnait beaucoup de
pertes et de résidus », explique Ebiro Kadokalih, présidente de
l’association. « Mais aujourd’hui, nous avons une vraie étuveuse qui nous
permet d’avoir un riz sans brisure et plus propre. »
Cette étuveuse améliorée leur a été offerte par le
Projet de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) qui les a aussi
formées aux techniques de production de riz étuvé de qualité supérieure. Les
résultats sont au rendez-vous. Ebiro et ses collègues ont presque multiplié par
trois leur rendement et produisent 800 kilos de riz étuvé par semaine, avec
zéro perte. Le travail est devenu moins pénible, moins salissant, et plus
rapide. Un gain de temps qui leur a permis de soigner l’emballage et la
présentation de leur riz qu’elles vendent aujourd’hui sous le label Riz étuvé
de la Coopérative femmes vaillantes d'Anié.
Une clientèle plus aisée et qui vient de loin
Pour Ebiro, cet effort marketing attire une clientèle
plus aisée et exigeante : « Nous livrons surtout la Maison des sœurs
religieuses d’Anié et avons de plus en plus de clients qui viennent de Lomé, la
capitale. »
« Je n’achète plus que le riz des Femmes
vaillantes que j’ai découvert en arrivant à Anié il y a deux ans et dont
j’apprécie la qualité et le goût », souligne sœur Georgette, la doyenne de
la Maison des sœurs franciscaines d’Anié. « J’aide aussi la coopérative à
fournir beaucoup d’autres congrégations qui me le demandent lorsqu’elles
goûtent le riz chez moi ».
Pour l’instant, le bureau de la coopérative et son
site de production sont hébergés dans la concession familiale de la présidente.
Mais les Femmes vaillantes voient les choses en grand et envisagent de
construire un centre de transformation à grande échelle.
Grâce aux bénéfices tirés de l’augmentation de son
volume de ventes, la coopérative a acquis un domaine de deux hectares dans le
hameau de Sevia, à une dizaine de kilomètres d’Anié. Objectif ? Accroître
son rendement. Une fois de plus, le PPAAO est venu à la rescousse :
« Le projet m’a aidée à aller suivre une formation au Mali sur les
techniques de riziculture intensive », confie Ekouya Adoukonou, présidente
du comité de surveillance des Femmes vaillantes qui emploient maintenant deux
ouvriers saisonniers pour labourer et entretenir le champ collectif. « À
mon retour, j’ai formé les autres membres de la coopérative, notamment sur la
technique de repiquage, qui nous a fait passer de deux à sept tonnes de riz par
hectare. »
Le quotidien d’Ekouya, d’Ebiro et de leurs collègues
est moins incertain depuis que leur coopérative est devenue une petite
entreprise dynamique. « Je suis veuve et arrive enfin à prendre en charge
ma famille », assure madame Kadokalih, membre de la coopérative.
« J’arrive surtout à payer l’école pour tous mes enfants. »
Financé à hauteur de 32,8 millions de dollars par
la Banque
mondiale, par le biais de l’Association internationale de
développement, le Projet
pour la productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) a déjà appuyé
10 coopératives d’étuvage de riz gérées par des femmes et eu un impact direct
dans la vie de plus de 227 000 Togolaises.
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