‘’YELITAARE’’
: Un retour à la terre pour lutter contre la malnutrition
Les populations de Hornoldé, un village de la région de Matam (nord) sur la rive du fleuve Sénégal, ont renoué avec la culture de la terre pour venir à bout des crises nutritionnelles récurrentes qui touchent leur localité, réalisant, pour la première campagne, un rendement de 6 à 7 tonnes à l’hectare, sur une superficie de 22 ha exploités par 60 familles vulnérables.
Un
périmètre rizicole qui a donné un rendement satisfaisant pour la première
campagne, a expliqué le Conseiller agricole de la SAED pour la zone de Bow, qui
va de Thimping jusqu’à Bafalé. Cette zone, qui fait partie du département de
Kanel, couvre aussi Hornoldé, dans le secteur de Jamel.
‘’La
SAED appuie également les exploitants en gestion administrative et financière,
sur les techniques culturales avec en même temps la formalisation par le projet
‘’Yelitaare’’ de groupements d’intérêt économique’’, a dit Albert Ndiaga Séne.
Il s’entretenait avec des journalistes en mission dans la zone dans le cadre
d’une visite de terrain sur les résultats du projet ‘’Yelitaare’’ de la Cellule
de Lutte contre la malnutrition.
Dans
ce village où plus de 400 ménages sont établis à quelques encablures de la rive
du fleuve Sénégal face à la Mauritanie, la culture de la terre n’était pas une
pratique courant, selon Albert Ndiaga Séne.
‘’Le
village ne cultivait pas jusqu’en 2015 où la SAED a mis en place le premier
périmètre rizicole dans le cadre du Programme d’accélération de l’Agriculture
au Sénégal (PRACAS)’’ a-t –il expliqué.
Du
coup, cette initiative a suscité beaucoup d’intérêt auprès des villageois. Le
village a commencé à mener des activités agricoles pour au moins assurer son
autosuffisance en riz. Même constat également à Guanguel, village de pêcheurs
‘’Thioubalos’’ dans l’île à Morphil où les femmes font de la culture maraîchère
dans des périmètres aménagés avec l’appui de l’Agence nationale de conseil
agricole et rural (ANCAR).
‘’Le
périmètre rizicole et d’autres initiatives de ce genre le long du Dande Mayo
sont d’un apport certain pour les populations surtout dans la lutte contre la
malnutrition, mais ce n’est pas suffisant puisque beaucoup de familles n’ont
pas encore de parcelles’’, a dit Abdoulaye Bâ, responsable du comité de gestion
de Hornoldé.
Ainsi,
120 familles attendent encore d’être accompagnées afin de disposer de parcelles
de culture à quelques mètres des rives du fleuve Sénégal.
Un
intérêt saisi par la Cellule de Lutte contre la malnutrition (CLM), qui a
poursuivi l’aménagement de périmètres agricoles avec la SAED pour une mise à
disposition d’un riz de qualité pour la consommation des ménages mais également
pour la commercialisation, a indiqué la co-directrice nationale de Yelitaaré,
Aby Ciss Dabo.
Selon
elle, ‘’si cette dynamique est poursuivie, d’ici quelques années, Hornoldé et
environs n’auront plus de problème pour avoir du riz pour leur consommation et
la commercialisation’’.
C’est
pourquoi, à côté de cette rizerie, la CLM a implanté une unité de
transformation du riz composé d’un grand bâtiment à trois compartiments, avec
une salle dédiée au stockage des productions, une salle des machines et la
salle de conditionnement. La SAED a proposé cette unité destinée à la
transformation sur place de la production de riz.
Grand
bâtisse peint en jaune au bord de la piste sablonneuse qui mène au village,
l’unité de transformation est une des six unités mises en place par la CLM pour
un coût total de près de 37 millions, dont deux pour la transformation de
farine enrichie.
‘’Dans
tout le département de Kanel, de Waoundé à Matam, il n’y avait pas de rizerie.
Toute la production de riz était vendue à des gens venus de Podor et de Dagana’’,
témoigne Aby Ciss.
D’où
la mise en place de ces mini-rizeries dans la zone pour que les producteurs
puissent transformer sur place et disposer de riz de qualité allant de la
brisure à l’entier produit, transformé et vendu à Matam.
Cette
unité, en cours d’installation, va être confiée aux femmes regroupées et
formées aux techniques de transformation. L’idée est de leur permettre de
disposer de revenus comme les hommes qui gèrent d’autres unités. A une
vingtaine de kilomètres de Hornoldé, un magasin de stockage d’une capacité de
60 tonnes a été aussi construit à Mbarmathial, dans la commune de Ndendory.
Les
magasins de stockage existent en grand nombre le long du Dande Mayo, mais pas à
Mbarmathial et Thialy où les producteurs stockaient leurs récoltes dans les
maisons ou les écoles. Un stockage qui permet la sécurisation des
remboursements auprès des banques agricoles.
De
même, une formation en produits horticoles et maraichers est prévue. Pour
chaque unité, il est mis en place un comité de gestion chargé de choisir les
femmes qui doivent bénéficier de la formation.
L’ensemble
des activités agricoles ont été proposées par les services techniques de la
SAED qui s’appuient sur leurs données de base, précise le Chef de la Division
Appui à la production et à l’entreprenariat de la SAED de Matam, Aboubacry
Hann.
‘’Yélitaaré’’,
projet d’amélioration de la réponse des communautés les plus vulnérables face
aux crises nutritionnelles et alimentaires, est déroulé depuis trois ans dans
les départements de Podor, Ranérou Matam et Kanel, sur financement de l’Etat du
Sénégal et de la coopération espagnole.
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