La Russie se lance dans le bio
Partout
dans le monde, la demande en produits bio augmente. La Russie entend bien en
profiter pour booster ses exportations. Un ambitieux plan de développement de
l’agriculture biologique commence à porter ses fruits.
Dans
un marché mondial du bio dont le chiffre d’affaires s’élève à 100 milliards, il
est clair que la Russie veut sa part du gâteau. Une ambition clairement
affichée par Vladimir Poutine, qui, en décembre 2015, clamait son intention que
« la Russie devienne le 1e exportateur mondial de produits bio ». « Dès 2014,
nous avons commencé à exporter des produits bio, retrace Stanislas Gouriev, de
la société Sibbio products. Partout dans le monde, la demande pour les produits
bio est en croissance. Nous comptons bien suivre le train mondial ». En Russie,
la demande en produits bio se cantonne dans les villes où le pouvoir d’achat
est plus élevé.
«
Avec l’embargo, nous ne pouvons pas importer les produits alimentaires bio
qu’une certaine partie de la population demande alors nous allons les produire
». Ce n’est pas uniquement pour son marché intérieur que la Russie veut
produire bio mais surtout pour l’export, plus rémunérateur. « Par exemple, en
France, les consommateurs sont de plus en plus attentifs aux conditions de
production et sont prêts à payer plus pour du bio », souligne Stepan Shibaev,
chargé d’affaires en Russie pour Bretagne Commerce international.
Exporter céréales et protéagineux
Pour
l’instant, c’est en grandes cultures, pour l’alimentation animale, que la
Russie se teste en agriculture biologique avec des céréales (orge, avoine,
seigle) mais aussi des oléo-protéagineux (colza, pois). Même si le bio
représente moins de 1 % de la production russe, une partie est déjà exportée. «
Nos consommateurs principaux sont les Pays-Bas et le Royaume Uni, souligne
Stanislas Gouriev. Depuis cette année, nous produisons aussi de l’avoine sans
gluten et bientôt, nous vendrons aussi des huiles et des tourteaux bio ».
Si
elle veut exporter, la Russie sait qu’elle devra être irréprochable en termes
de conditions de production et de traçabilité. Le 1er janvier, a été promulguée
une loi pour développer la production. « Elle harmonisera aussi les standards
russes avec les exigences internationales, précise Mme Galina, de l’organisme
national de certification. Tous les producteurs seront accrédités par des
agences gouvernementales ». Et d’assurer que chacun est contrôlé trois fois
plus qu’en Europe !
Une autre échelle de production
«
70 producteurs sont certifiés aux normes UE, une centaine est en cours de
conversion », assure Serguey Korshunov, président de l’Union of organic
agriculture of Russia. Ce qui pourrait sembler anecdotique si ce n’est la
taille des exploitations, qui dépasse largement le millier d’hectares. Dans la
région d’Ortcozka, il n’y a qu’une ferme certifiée bio mais elle couvre 12 000
ha ! La région de Belgorod affiche une ambition de 700 000 ha convertis en bio.
À comparer aux 476 000 ha bio ou en conversion en Occitanie, première région
bio, ou aux 2 millions d’hectares bio ou en conversion sur toute la France. Les
ambitions russes seraient d’une conversion en bio de 30 millions d’hectares.
Pour
se développer, la filière bio russe compte bien profiter de l’avance des autres
pays européens, en termes de matériel, de génétique, de conseils techniques. «
Nous sommes très intéressés par des transferts de technologie et de la
formation », ne cache pas la délégation russe notamment présente lors du Space
2019 Ã Rennes (Ille-et-Vilaine).
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