Les algues toxiques prolifèrent dans les lacs du monde entier à cause du réchauffement climatique
La
multiplication d’algues toxiques affecte les réserves d’eaux potables,
l’agriculture, la pêche...
Saviez-vous
que les algues microscopiques sont à la base de la chaîne alimentaire
marine ? Elles fournissent aux organismes marins des nutriments et on leur
doit plus de la moitié de l’oxygène sur Terre. Toutefois, toutes les algues ne
sont pas saines et des algues toxiques peuvent apparaître quand certains
facteurs sont réunis. Or, le réchauffement climatique contribue
à la propagation de ces algues.
Pour
proliférer, les algues toxiques ont besoin de certaines conditions comme
l’atteinte d’une certaine température de l’eau de surface, la manière dont
circulent l’eau et le vent, le mouvement naturel des eaux riches en nutriments
ou encore l’accumulation de ruissellements agricoles dans les mers.
Or,
justement, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) déclare dans
un article que
chaque année, les algues toxiques prolifèrent et causent des milliers
d’intoxications dans le monde à cause de la contamination des produits de la
mer et de la propagation des toxines dans l’air. Selon Marie-Yasmine Dechraoui
Bottein, chercheuse aux Laboratoires de l’environnement de l’AIEA à Monaco,
« il est devenu urgent de lutter à l’échelle mondiale contre ces
proliférations d’algues, qui sont manifestement plus fréquentes et plus
intenses et concernent des zones géographiques plus étendues ».
LES ALGUES TOXIQUES : UN DANGER POUR L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ
Dans
le même temps, ces blooms d’algues toxiques ont même réussi à atteindre les
littoraux français, comme le rapporte Youmatter.
Actuellement, certains fleuves et lacs sont envahis par ces algues qui se
multiplient à cause de la présence de nitrates et de phosphates due notamment
aux déchets résultant de l’agriculture intensive.
Mais
la propagation des algues toxiques suscite de nombreuses inquiétudes du point
de vue écologique puisque ces algues peuvent amoindrir l’oxygène dans l’eau et,
ainsi, asphyxier la population marine, mais elle accroit également les zones
mortes, et contribue à accroître les émissions de phytoxiques ou
d’hydrocarbures halogénés qui sont tous deux nocifs pour notre couche d’ozone.
Ces
algues toxiques présentent également un risque sérieux pour la santé
puisqu’elles peuvent notamment provoquer une intoxication ciguatérique, qui est
« une intoxication non bactérienne causée par l’ingestion de produits
de la mer contaminés par des toxines ciguatériques provenant des efflorescences
algales benthiques nuisibles ». Clémence Gatti alerte que « c’est
une maladie complexe qu’on ne comprend pas encore. Elle peut se manifester sous
la forme de 175 symptômes différents qui peuvent durer des mois, voire des
décennies, ce qui rend le diagnostic et la prise en charge difficiles pour les
médecins. » L’AIEA ajoute également que « la
ciguatera, qui se limitait auparavant aux régions tropicales et subtropicales, s’est
désormais répandue dans les eaux côtières européennes ».
QU’EST-CE QUI CAUSE CETTE PROLIFÉRATION DES ALGUES TOXIQUES ?
Même
si les facteurs peuvent différer d’un environnement à un autre, il existe un
dénominateur commun : la hausse des températures. Selon le site Youmatter,
plusieurs études ont déjà révélé un lien entre le réchauffement climatique et
la prolifération des algues toxiques notamment : l’étude menée
par l’Agence américaine d’observation de l’océan (NOAA) en 2014, les recherches menées
par un groupe de chercheurs spécialisés sur les efflorescences d’algues en
2015, une autre étude réalisée
en 2017 qui mettait en évidence un lien direct entre la multiplication des
algues et la hausse des températures océaniques et une recherche faite
en 2018 qui montrait que le réchauffement climatique contribuait à accroître la
présence d’algues toxiques dans les eaux arctiques.
La
revue Nature a
également récemment rapporté une étude qui mettait en exergue l’augmentation
des algues dans les lacs d’eau douce durant ces trente dernières années et la
baisse notable de résilience de ces environnements.
Pour
remédier à ce problème grandissant, l’AIEA s’est alliée avec plusieurs
chercheurs du monde entier pour établir un moyen de détecter avec exactitude
les toxines présentes dans l’environnement et dans les produits de la mer afin
de prendre des mesures comme la fermeture des lieux de pêche ou encore
l’interdiction de consommer des produits de la mer quand le risque
d’intoxication s’avère trop élevé.
L’AIEA collaborera également avec des
organismes de l’ONU pour mieux évaluer les « risques associés aux
proliférations d’algues toxiques (…) réduire leur impact sur la santé humaine,
l’économie et la société dans son ensemble et contribuer à la réalisation des
objectifs de développement durable », déclare Marie-Yasmine
Decharoui Bottein.
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