Les changements climatiques, un problème qui touche singulièrement les jeunes - Africa Green Magazine

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Les changements climatiques, un problème qui touche singulièrement les jeunes

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Les changements climatiques, un problème qui touche singulièrement les jeunes


Les changements climatiques comptent parmi les facteurs qui influencent le plus fortement les moyens d'existence des jeunes, aujourd'hui et demain. C’est particulièrement le cas dans les pays à faible revenu qui affichent une croissance démographique rapide et, par conséquent, une forte concentration de jeunes. 

Les investissements ciblant les jeunes ruraux doivent prendre en compte la question climatique pour deux raisons simples. Premièrement, le succès et la pérennité de l’action menée en faveur de la création d’emplois pour les jeunes dépendront des conditions climatiques futures (au côté, bien sûr, d’une multitude d’autres incertitudes économiques et politiques). Deuxièmement ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui devront assumer tout au long de leur vie les conséquences des échecs actuels.

Les changements climatiques sont un problème qui touche la jeunesse, car les pays où les jeunes représentent une part importante de la population et ceux qui dépendent fortement de l’agriculture, secteur très exposé aux effets des changements climatiques, sont souvent les mêmes.

Les chocs climatiques liés, entre autres, aux sécheresses, aux inondations, au stress thermique, aux incendies, à l’élévation du niveau de la mer, aux tempêtes et aux ravageurs devraient devenir plus fréquents et plus intenses si les politiques et les investissements pour le développement ne font pas une plus large place, de manière rapide et efficace, à l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets. Les pays où la proportion de jeunes est la plus élevée dépendent fortement de l’agriculture (voir figure 1). 

Les changements climatiques se manifestent de nombreuses manières, et leurs effets ont, pour la plupart, des répercussions déterminantes sur l’agriculture (à la fois pour les cultures et l’élevage) et sur d’autres activités reposant sur les ressources naturelles, comme la foresterie et la pêche. Les effets prévus des changements climatiques sont nombreux: la diminution des rendements des cultures dans de nombreuses régions et l’altération de la valeur nutritive des céréales, des fruits et des légumes; la vulnérabilité du bétail au stress thermique et à l’apparition de nouveaux ravageurs et maladies; l’évolution de la géographie des ressources halieutiques, qui a une incidence sur les océans; la diminution du couvert forestier, qui contribue à la poursuite des changements climatiques et qui menace les moyens d’existence des populations tributaires des ressources forestières.

Figure 1: Dépendance à l’agriculture et proportion de jeunes par rapport à l’ensemble de la population

Pour gagner leur vie, de nombreux jeunes vivant dans des pays dépendant de l’agriculture devront travailler soit dans des exploitations, soit dans les secteurs de la transformation ou des services agricoles. L'abandon de l'agriculture par les jeunes est certes une réalité historique mais il est probable que la création d’emplois dans le secteur manufacturier et les services ne suffira pas à absorber les millions de nouveaux arrivants sur le marché du travail. De nombreux jeunes, principalement en Afrique subsaharienne, resteront dans le secteur agricole ou continueront de vivre dans des régions rurales au cours des prochaines décennies.

La vulnérabilité aux changements climatiques peut se mesurer en termes d’exposition, de sensibilité et de capacité d’adaptation. Or, dans chacune de ces trois dimensions, les jeunes ruraux des pays pauvres se trouvent dans une situation défavorisée. Leur exposition et leur degré de sensibilité s’expliquent par leur dépendance à l’égard de l’agriculture et d’autres moyens d’existence reposant sur les ressources naturelles, ainsi que par leur manque de connaissances et de capitaux nécessaires à l’adaptation. Leur capacité d’adaptation, elle, est limitée par les obstacles qui les empêchent notamment d’accéder à des terres, au crédit et à l’assurance.

Pour éliminer ces obstacles et parvenir à ce que les jeunes puissent vivre décemment dans les zones rurales, il est essentiel d’investir dans l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques et de mener à bien des réformes de fond. L’accent devrait être mis en priorité sur:

  • l'agronomie, pour concevoir une variété de nouvelles solutions techniques et méthodes de gestion adaptées aux changements climatiques;
  • les moyens de communication, pour faire découvrir aux jeunes ruraux de nouvelles sources d’information et leur permettre d’échanger entre eux;
  • les services de santé et l’éducation, y compris en matière de santé procréative, pour aider les jeunes, hommes et femmes, à renforcer leur capital humain et à prendre des décisions importantes au cours de leur vie;
  • les infrastructures, y compris les routes, les systèmes de gestion de l’eau et l’énergie verte [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)].
Certains investissements offriront des rendements rapidement visibles, tandis que d’autres, tout aussi nécessaires, ne porteront leurs fruits qu’à long terme. Les investissements et les réformes à nécessaires doivent couvrir un large éventail de domaines, à commencer par le développement d’une agriculture climatiquement rationnelle, mais sans non plus s’y limiter. Les jeunes ruraux vivant dans des pays pauvres et tributaires de l’agriculture ont besoin d'approches programmatiques favorisant l'adaptation des régions rurales aux changements climatiques. Les approches qui porteront leurs fruits sont les réponses intersectorielles, qui offriront des perspectives d’avenir à des millions de personnes jeunes et dynamiques.

Pour en savoir plus sur le sujet, consulter le chapitre 7 du Rapport sur le développement rural 2019 et le document de référence établi par K. Brooks et al. (2019) (disponibles uniquement en anglais).
Karen Brooks est professeur adjoint du Global Human Development Program à la Georgetown University



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