Les abeilles plus rentables que les pesticides dans les cultures de colza
Des
scientifiques viennent de démontrer pour la première fois que les
pollinisateurs étaient plus rentables que les insecticides et les herbicides
dans les cultures de colza.
Explications
Gloire
aux insectes pollinisateurs et aux services - gratuits - qu'ils rendent chaque
jour à l'espèce humaine. En matière de rendement et de rentabilité du colza, ils
sont bien meilleurs que les pesticides, affirment pour la première fois des
chercheurs du CNRS et de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique)
De
2013 à 2016, cinq scientifiques ont scruté jusqu'à 294 parcelles d’une plaine
agricole des Deux-Sèvres (Nouvelle-Aquitaine) et amassé un grand nombre de
données : variétés de colza, engrais et pesticides, résultats économiques…
Résultat : non seulement les insecticides, herbicides et autres fongicides
n'augmentent pas les rendements, mais leurs coûts plombent les comptes des
agriculteurs.
A
l'inverse, dans les parcelles où les pollinisateurs bourdonnent en masse, les
auteurs ont mesuré une marge brute supérieure en moyenne de 15 à 40% (soit un
gain de 119€/ha à 289€/ha) par rapport aux zones qui en sont pratiquement
dépourvues.
"L'agroécologie
peut être un modèle alternatif gagnant-gagnant"
Un
constat qui ne surprendra vraisemblablement pas le journaliste du Monde
Stéphane Foucart, interrogé par GEO au sujet de son ouvrage Et le monde devint
silencieux - Comment l'agrochimie a détruit les insectes (éditions du Seuil,
août 2019). "S'agissant des pesticides néonicotinoïdes (désormais
interdits en France, ndlr), les chercheurs ont établi qu'ils sont inutiles dans
l'écrasante majorité des cas, explique-t-il. Les agriculteurs emploient ces
substances comme des assurances.
Or si on met en place un vrai fonds mutuel
comme ç'a été fait par endroits en Italie, c'est beaucoup plus rentable ! Donc
en réalité, ces pesticides ne servent à rien d'autre qu'à contaminer
l'environnement…"
Employés
contre les insectes ravageurs, les produits phytopharmaceutiques tuent surtout
les abeilles. Utilisés contre les mal nommées "mauvaises herbes", ils
détruisent les ressources florales dont raffolent les pollinisateurs. Autant de
dégâts collatéraux qui ne plaident pas en leur faveur.
"Cette
nouvelle étude suggère que l'agroécologie, en promouvant les solutions fondées
sur la nature, peut être un modèle agricole alternatif gagnant-gagnant,
assurant production agricole, revenu aux agriculteurs et protection de
l’environnement", conclut l'Inra.
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