Le
Sénégal serait-il à l’aube d’une Grande
Révolution Agricole ?
Il
s’agit d’assurer d’un grand coup d’envoi pour une grande bataille voire un
véritable combat agricole nécessitant l’ambition. En premier lieu : La
problématique de l’autosuffisance en riz : Pour atteindre cet objectif il faut
nécessairement passer par la région du
Sud et le Nord du pays qui
dispose aujourd’hui d’un potentiel de 240.000 hectares irrigables dans la
vallée du fleuve Sénégal. Si les techniques culturales sont maîtrisées dans ces
parties du pays le rendement moyen à l’hectare pourrait atteindre 6 à 7 tonnes
de riz blanc.
Toutefois,
pour que ce rendement conduise à l’autosuffisance recherchée, il faudra une
augmentation considérable de surface emblavée : ce qui signifie l’aménagement
de surface de plusieurs milliers d’hectares. Un tel objectif se justifie
amplement lorsqu’on sait que le Sénégal présente jusque-là des bilans céréaliers négatifs et déficitaires avec des besoins toujours couverts par des
importations. La principale céréale consommée qu’est le riz présente un taux
d’autosuffisance inférieur à 20%. Mais cette
réalisation de ces aménagements gigantesques risquerait de poser un problème de
mains d’œuvres ; en effet, à cause de longues années de sécheresse dans la
région de la vallée du fleuve.
Cette zone logée au cœur du sahel, a connu un phénomène émigration
massive qui a vu beaucoup de ses bras valides partir laissant dernière eux une
société en proie à une féminisation exponentielle. Ceci pour dire que si un
jour au lendemain on retrouve avec des milliers d’hectares aménagés nécessitant
une occupation culturale pleine et intensive, il faudra opter pour une
mécanisation outrancière et rapide afin de raccourcir l’itinéraire cultural
gage de réussite de cultures de contre-saison.
Concernant la production du riz, le rapport a
indiqué qu’elle est de 1 million 132 mille 795 tonnes, soit une augmentation de
12% par rapport à la campagne agricole de 2017 et une hausse de 47% par rapport
à la moyenne des 5 dernières années. En effet, le gouvernement sénégalais s’est
engagé à intensifier sa riziculture pour
permettre au pays d’atteindre l’autosuffisance en riz. C’est
pourquoi, il a mis en place un programme
national d'autosuffisance en riz (Pnar) en 2014, qui visait l’autosuffisance alimentaire.
Cette autosuffisance fixée par l’Etat du Sénégal qui était de réaliser une
production de 1.600.000 tonnes de riz paddy, n’a pas été atteinte en
2017. Et la date fixée pour
atteindre cet objectif est reportée en 2020. Le gouvernement est donc
dans une dynamique qui lui permettra d’assurer l’autosuffisance en riz, grâce à
des défis relevés durant 2018, et les années précédentes. Car, durant la mise
en œuvre du Programme national d'autosuffisance en riz (Pnar), les producteurs ont égrainé les écueils susceptibles de plomber
l’ambition d’autosuffisance alimentaire en riz. Il s’agit, entre autres, des
difficultés d’accès aux financements, de l’augmentation et de la mise en valeur
des superficies aménagées, du manque de débouchés pour la commercialisation du
riz, du manque de magasins de stockage, d’absence de pistes de production, de
la prolifération des oiseaux granivores, du manque et de la cherté du matériel
agricole, de produits phytosanitaires, etc.
A cela s’ajoutent les problèmes d’accès à la terre des femmes, le drainage de la subvention des intrants, de la fourniture de semences
certifiées, sans compter le coût élevé des intrants et la cherté de
l’électricité de pompage. L’autre sujet stratégique
concerne la question foncière. D’après les calculs faits par l’Etat, pour que la culture de riz
soit une activité de business, au-delà de sa vocation de subsistance, il faut
des surfaces importantes. Or cela pose des problèmes fonciers aigus. D’où la
nécessité des réformes devenu un enjeu publique des autorités, l’agriculture
sénégalaise est loin d’avoir un système foncier à la mesure des ambitions du
Président de la République pour ce secteur vital.
En considérant objectivement ses capacités financières actuelles,
la CNCA ne semble plus être en mesure de jouer son rôle de pourvoyeur
performant c’est-à-dire capable de prendre en charge l’énorme besoin de crédits
agricoles qui va s’imposer progressivement.
Dans ces conditions, ne faudra-t-il pas envisager la création d’un
fond de promotion agricole (FPA), à l’image du Fond de Promotion
Economique (FPE). Pour la réussite de cette bataille agricole, il faudra
que l’Etat prenne de nouvelles dispositions pour les années à venir en mettant
d’avantage l’accent sur un certains nombres de piliers incontournables que sont
la formation, la maitrise de l’eau, la modernisation des techniques culturales
et un financement conséquent.
Moussa BA
Journaliste
Pour une révolution agricole au Sénégal il faut facilité l'accès au crédit et l'accompagnement avec les intrants et les bonnes semences
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