Space. Le gaz vert de cet élevage laitier chauffe 700 maisons en Ille-et-Vilaine
L’exploitation
du Champ-Fleury (Ille-et-Vilaine) est le premier site breton d’injection de gaz
vert. Son unité de méthanisation transforme des déchets en biométhane. Lancée
en 2015, elle apporte aujourd’hui un tiers du chiffre d’affaires de la ferme.
Un exemple valorisé par les organisateurs du salon de l’élevage Space, qui ont
choisi le climat pour thème de leur 33e édition, organisée du 10 au 13
septembre, à Rennes.
Quand
on approche de l’exploitation du Champ-Fleury en bordure de Liffré
(Ille-et-Vilaine), on distingue leur forme arrondie depuis la route. Les deux
dômes du méthaniseur se dressent au centre de la Société civile d’exploitation
agricole (SCEA), gérée par les frères Jean-Christophe et Arnaud Gilbert, et
leur ami d’enfance, Franck Perrodin.
Le
trio a donné un second souffle à cette ferme familiale. En 2009, « la crise
laitière frappe. Il fallait se diversifier », se souvient Franck, 41 ans, qui
venait alors d’enfiler la casquette d’associé. En parallèle, les communes
voisines grossissent. « C’est devenu trop compliqué de sortir les vaches, en
traversant la route avec son flot de voitures.
Nous avons été contraints de
fermer les portes de la stabulation en 2013 », regrette Jean-Christophe Gilbert,
43 ans. C’est la fin du pâturage. Avec le retour des vaches en bâtiment, « il a
fallu repenser nos normes de stockage. On a tourné cet inconvénient en
avantages, et joué la carte de la méthanisation. »
2,5 millions d’investissement
L’investissement
(2,5 millions d’euros) a provoqué quelques suées. « Nous avons été accompagnés
par GRDF et les collectivités, avec 500 000 € de subventions. C’est un soutien
primordial », insiste l’éleveur.
En
2015, la ferme du Champ-Fleury est le premier site de Bretagne à injecter
directement du gaz vert dans le réseau de distribution de gaz naturel. Au point
de servir d’exemple. L’exploitation reçoit même la visite de Stéphane Le Foll,
alors ministre de l’Agriculture. Avec deux salariés, « on alimente l’unité de
méthanisation de fumier, mais aussi de déchets céréaliers et végétaux de
déchetteries, du marc de pommes et des pommes de terre invendues de sociétés
voisines… On valorise au lieu de détruire. » 12 tonnes de matières solides et
13 m3 de lisier sont ajoutés chaque jour.
Leur
méthaniseur chauffe aujourd’hui l’équivalent de 700 maisons. L’été, quand les
radiateurs sont à l’arrêt, « on sature même le réseau de Liffré (7 500
habitants), alors on alimente Rennes en gaz depuis juin 2018 », glisse
Jean-Christophe, à l’entrée de la stabulation où se croisent les 150 vaches
laitières du troupeau.
L’unité de méthanisation du Champ-Fleury injecte du gaz vert dans le réseau depuis septembre 2015 |
Méthanisation
et élevage sont complémentaires, affirment les associés. Leurs revenus liés au
troupeau laitier sont parlants : 50 % proviennent du lait, 50 % du gaz. La
méthanisation représente un tiers du chiffre d’affaires global. « On injecte 80
m3 de biométhane à l’heure après épuration, payé au m3. » L’équipe mise sur un
retour sur investissement de sept ans. Avec la sécurité d’un revenu stable
grâce à un contrat de 15 ans.
Cercle
vertueux : le digestat est aussi valorisé comme fertilisant organique. « Il
remplace 30 % de l’engrais chimique que l’on utilisait. » Le trio a également
rejoint la filière éco-méthane mise en place en 2015 par Bleu-Blanc-Cœur.
L’association incite les éleveurs laitiers à diversifier l’alimentation des
vaches, pour qu’elles rejettent le moins de méthane possible. « 80 % de
l’alimentation de notre troupeau sont aujourd’hui issus de l’exploitation. Plus
elle est équilibrée, moins on a de rejets », remarque Jean-Christophe Gilbert.
500 unités en France
500
unités de méthanisation sont aujourd’hui gérées par des agriculteurs en France,
soit deux fois plus qu’en 2014. Un site sur trois se trouve dans l’Ouest. La
grande majorité est dédiée à la production d’électricité, plus facile pour les
exploitations isolées. Mais l’injection de gaz se développe, avec une cinquantaine
de sites.
Les
associés sont devenus de super VRP du biométhane. Ils reçoivent des visites
d’agriculteurs intéressés par la méthanisation, d’élèves ingénieurs, et même
d’associations récalcitrantes. Des projets de méthanisation reçoivent des
réactions hostiles d’habitants. Transports, mauvaises odeurs…
« Nous n’avons
pas eu de difficultés car nous avons commencé par un petit projet. Mais c’est
compliqué quand une enquête publique est lancée. Il y a beaucoup de préjugés.
Alors que vous avez remarqué ? On ne sent rien ! »
A.G.M
Source :
ouest-france.fr
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