Rwanda : des femmes au cœur du dispositif de traitement de l’eau
À
une trentaine de minutes en voiture de Kigali, la belle capitale du Rwanda,
après avoir traversé une forêt luxuriante et des zones marécageuses, nous
passons devant des échoppes rudimentaires, dressées au bord de la route. Des
panneaux peints à la main assurent la promotion des produits proposés à la
vente. Non loin de là, nous croisons des dizaines de femmes qui travaillent,
avec ardeur, sur un projet d’usine de traitement d’eau, situé au cœur d’un site
de construction, le long de la rivière Nyabarongo. Un ouvrage qui, parmi
d’autres, participe à la transformation profonde du pays, en raison notamment
de la place accordée aux femmes.
Florence
Ntibazakwirwa passe, elle, des heures par jour à plier de l’acier à des angles
précis, après quoi le métal est utilisé pour renforcer la structure des
bâtiments en construction. « On le fait parce qu’on est passionné ! Le
succès dépend, pour une large part, de l’engagement consacré à son
métier », insiste cette trentenaire, mère d’un enfant.
« Si
je réussis à obtenir un contrat de longue durée pour ce projet, je pense que je
pourrai gérer mon propre projet dans deux ans et construire ma propre maison.
J’ai hâte de bâtir une maison solide, en utilisant mes propres compétences, et
cette maison constituera un merveilleux exemple pour d’autres femmes »,
explique-t-elle.
Florence
fait partie des 80 femmes qui travaillent sur le site, aux côtés de 421 hommes.
À plusieurs égards, il s’agit d’un projet historique, surtout parce que tant de
femmes sont impliquées dans le processus.
La
construction de cette usine de traitement d’eau a débuté l’an dernier et
devrait s’achever en 2020. Elle desservira 500 000 foyers, entreprises et
usines. C’est le premier partenariat public-privé de ce type dans le pays.
La
Banque africaine de développement a assuré un financement de quelque 18,87
millions de dollars américains, sur un coût total estimé à 61,42 millions de
dollars.
Au
Rwanda, l’eau est bien plus qu’une source de vie. C’est également un facteur
stimulant pour l’économie, et surtout pour les femmes. Selon les chercheurs,
moins les femmes consacrent de temps à parcourir de longues distances à la
recherche de l’eau, plus elles sont libres de s’engager dans des activités
économiques.
C’est
la raison pour laquelle l’eau sera l’un des thèmes importants au Sommet mondial
pour l’égalité entre les sexes qui se tiendra en novembre prochain à Kigali. La
Banque africaine de développement en assurera l’organisation aux côtés du
gouvernement rwandais. Au cœur des discussions, les services d’adduction d’eau,
d’assainissement et d’hygiène (facteurs favorables à l’emploi des femmes et des
jeunes en Afrique), et l’intégration du genre dans la gestion de l’eau.
Les
femmes à l’œuvre sur le chantier récoltent déjà les fruits de leur
participation dans le projet.
« J’aime
travailler avec mes collègues, surtout les plus expérimentés, car ils me
donnent des conseils. En tant que femme, je me sens valorisée, reconnaissante
et fière d’appartenir à cette profession, qui était réservée aux hommes
auparavant », déclare Charlotte Nyirangarukiyimana, une charpentière.
Charlotte
tire des revenus du chantier qui lui ont permis de soutenir sa famille et
d’investir pour l’avenir, dont un projet d’acquisition de terrain. « Ce
travail m’a permis de payer les études de mes frères et sœurs. J’ai moi-même
l’intention de retourner à l’école pour développer mes compétences, ce qui me
permettra d’augmenter mes revenus et d’assurer à moi seule la gestion entière
d’un projet ».
A.G.M
afdb.org
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