L'eau contaminée de la centrale de Fukushima va-t-elle finir dans l'océan ?
Par
une simple phrase, le ministre de l’Environnement japonais a rouvert l’épineuse
question des eaux contaminées de la centrale de Fukushima, submergée par le
tsunami de 2011. Si le gouvernement dit se laisser le temps de la réflexion,
l’exploitant de la centrale affirme que les cuves seront pleines en 2022…
"Le
seul moyen". C’est en ces termes que le ministre japonais de
l’Environnement a qualifié l’évacuation des eaux irradiées de Fukushima dans le
Pacifique, lors d’un point presse mardi 10 septembre, rouvrant le débat sur la
décontamination du site après la catastrophe
de 2011.
Immédiatement
désavoué par sa hiérarchie, les propos du ministre font pourtant directement
référence à une problème brûlant dans l’archipel nippon : que faire du million
de mètres cubes d’eau dormant dans les citernes de la centrale ? Si le
gouvernement semble vouloir calmer le jeu, cette solution est pourtant
sérieusement envisagée au Japon depuis
quelques années. Une seconde étude d’impact a même été confiée à une commission
gouvernementale en 2016, afin de déterminer les conséquences sur l’image de
Japon à l’international et les dégâts sur les secteurs de la pêche et de
l’agriculture.
Un problème urgent
La
société Tepco, qui
exploite la centrale, estime que les cuves seront pleines en 2022. Si la
compagnie réfléchit à un projet d’agrandissement, le problème reste entier.
Cette eau, issue des cuves de refroidissement de la centrale et d’eau de mer
utilisée en urgence en 2011 pour refroidir les réacteurs, a été en partie
pompée et décontaminée mais présente toujours un taux de tritium – un isotope
radioactif impossible à filtrer à l’heure actuelle – bien au-dessus des
standards internationaux. Pire, chaque jour, 400 mètres cubes d’eau viennent
s’ajouter par infiltration dans les installations souterraines de la centrale.
"Une solution plus rapide et moins onéreuse"
En
2014, une première étude, réalisée par des experts du ministère de l’Economie,
du commerce et de l’industrie (Meti), avait comparé différentes solutions en
tenant compte du temps de réalisation et des coûts engendrés. Résultat :
rejeter cette eau dans l'océan constituerait la "solution la plus
rapide et la moins onéreuse". Les experts avaient calculé qu’il
faudrait 7 ans et 4 mois pour expulser la totalité des cuves dans l’océan, pour
un coût estimé à 3,4 milliards de yens (28 millions d’euros) quand les autres
procédés coûteraient de 10 à 100 fois plus et mettraient plus de temps.
"Le
rejet contrôlé en mer", une recommandation partagée aussi par l’agence
internationale de l'energie atomique (AEIA)
Depuis
2014, l’AIEA opte publiquement pour cette solution, arguant que son stockage
sur le long terme est impossible. Autre argument avancé par l’agence
internationale : le déversement d’eau chargée en tritium se fait dans d'autres
pays et ne présenterait aucun danger une fois dilué…
Si
cette solution n'est pas encore officiellement actée par le gouvernement tant
que l’eau présente des taux de toxicité au-dessus des normes, la plus grande
catastrophe atomique depuis Tchernobyl n'a pas fini d'entraîner son lot de
conséquences désastreuses.
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