L'Afrique demandera à l'ONU de déclarer l'urgence climatique mondiale
Face
à leurs multiples défis, les pays africains comptent demander à l’ONU de
déclarer l’urgence climatique mondiale lors du sommet sur le climat qui
s’amorce demain à New York.
Pour
limiter une fois pour toutes le réchauffement climatique, les pays africains
souhaitent que les plans d’action en matière environnementale de chaque pays
soient rendus juridiquement contraignants afin de garantir la réalisation des
objectifs de l'Accord de Paris de 2015.
Les
gouvernements africains comptent également demander une aide financière
internationale pour mettre en œuvre leurs propres plans visant à freiner les
émissions de gaz à effet de serre. Ils espèrent ainsi aider leurs populations à
s'adapter à des conditions climatiques extrêmes comme la montée du niveau des
océans.
À
la tête du Comité des chefs d'État et de gouvernements africains sur les
changements climatiques, le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, a été
désigné pour donner suite à ces demandes prises durant une réunion préparatoire
tenue en août en Éthiopie.
Le
Gabon vient d’ailleurs de signer un accord inédit avec la Norvège sur les
émissions de carbone. Oslo accordera une compensation financière à ce pays de
l’Afrique centrale qui promet d’interdire la déforestation sur son territoire.
L'Afrique frappée par les catastrophes naturelles
Le
chef du Centre africain pour la politique en matière de Climat, James
Murombedzi, croit qu’en déclarant une situation d'urgence climatique, cela
permettra l’adoption de certaines actions à l'échelle de la planète, ce qui
pourrait inclure une augmentation du soutien financier aux États africains.
En
fait, les gouvernements africains cherchent à tout prix des moyens de collecter
des fonds pour à la fois améliorer les prévisions météorologiques et la
surveillance des phénomènes climatiques saisonniers. Des régions entières du
continent essuient régulièrement des inondations, des tempêtes ou des périodes
de sécheresse extrême.
En
2018, les faibles précipitations ont poussé le ministère de l'Agriculture du
Kenya à déclarer une crise alimentaire due à une chute vertigineuse des
récoltes de maïs. De plus, le Mozambique a subi au début de l’année les impacts
ravageurs des cyclones Idai et Kenneth qui ont causé la mort de plus de 600
personnes.
Selon
l’organisme humanitaire World Vision, les inondations créées par les deux
cyclones ont eu des
conséquences catastrophiques sur le quotidien de 2 millions de
personnes au pays, mais aussi au Zimbabwe et au Malawi voisins
Le cyclone Kenneth a provoqué de lourds dégâts au Mozambique, en avril dernier.
PHOTO : REUTERS / MIKE HUTCHINGS
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Chute de la production agricole
Les
scientifiques s’entendent pour dire que les sécheresses et les inondations sont
susceptibles de se produire plus fréquemment. Les tempêtes alimentées par des
mers plus chaudes pourraient aussi monter en intensité. Il faudra donc
s’attendre à une baisse des rendements agricoles sur plusieurs régions de
l’Afrique, préviennent les experts.
Mohamed
Adow, qui dirige le travail sur le changement climatique au sein de
l'organisation caritative internationale Christian Aid, estime que le continent
est déjà victime des effets dévastateurs du réchauffement climatique.
Les
Africains sont au courant de l'urgence climatique depuis plus longtemps que le
reste de la planète, déclare Mohamed Adow, ajoutant que les gouvernements
doivent réduire d'urgence les émissions pour limiter le réchauffement
climatique à 1,5 degré Celsius.
Les
pays africains demandent depuis des années davantage d’argent aux pays riches
pour les aider à lutter contre le réchauffement climatique et à intégrer les
risques météorologiques dans leur planification économique à long terme. Est-ce
que ce nouvel appel sera entendu cette semaine lors du sommet des Nations unies
sur le climat à New York?
En
attendant, le chef du Centre africain de politique climatique, James
Murombedzi, estime qu’à cause des bouleversements climatiques, il devient de
plus en plus incertain pour la plupart des pays africains d'atteindre un
ensemble d'objectifs mondiaux de développement, y compris l'éradication de la
faim et de la pauvreté d'ici 2030.
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