Au Costa Rica, sur les traces des tortues de Kemp
"Du
respect!": le guide Raul Fernandez harangue sa petite troupe dans la nuit
devant l'océan Pacifique du Costa Rica, à Playa Hermosa (nord-est) avant de se
lancer dans l'obscurité sur les traces des tortues de Kemp.
Raul
Fernandez, 41 ans, guide depuis 12 ans les touristes vers les tortues de Kemp
(Lepidochelys kempii) qui viennent déposer leurs oeufs sur ces rivages de
juillet à décembre, à quelques mètres des vagues déferlantes appréciées des
surfeurs du monde entier.
Présente
dans toute la zone tropicale, cette espèce est considérée par l'Union
internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme l'une des plus
menacées des tortues marines. La population a chuté sévèrement dans les années
1950 et 1960 en raison de la chasse des oeufs et des individus adultes, mais
les mesures de protection commencent à faire leur effet.
Pour
protéger les nids, des gardes armés patrouillent la nuit sur la Playa Hermosa
contre les braconniers qui volent les oeufs. Ceux-ci n'ont pas de qualités
gustatives et même, aux dires de Raul Fernandez, "les manger peut vous
faire vomir". Pour le malheur des tortues, ces oeufs blancs et sphériques
ont cependant la réputation d'avoir des vertus aphrodisiaques, et font en conséquence
l'objet d'un juteux trafic.
- Protéger les oeufs de l'homme -
Mais
le guide ne croit pas à l'efficacité de la répression. Dans le petit groupe
qu'il mène à la clarté de la lune, deux petites filles font l'objet de toutes
ses attentions : "contre le braconnage, nous comptons sur cette
génération. Nous montrons aux enfants cette richesse de la nature pour qu'ils
protègent les tortues à l'avenir", explique Raul Fernandez.
Après
une quinzaine de minutes de marche sur la plage, Raul Fernandez repère des
traces venues de la mer. Au bout de la piste, elle est là , déposant ses oeufs,
qui peuvent atteindre la centaine, dans le trou qu'elle a creusé dans le sable
à environ 50 centimètres de profondeur.
Son
devoir pour la perpétuation de l'espèce accompli, la tortue d'une cinquantaine
de kilos fait des mouvements chaloupés pour tasser le sable au-dessus du nid,
puis regagne les eaux du Pacifique sans s'attarder.
Pour
protéger les oeufs de l'homme, son principal prédateur sur la plage, les gardes
du Refuge de la vie sauvage de Playa Hermosa en prélèvent chaque année entre
10.000 et 15.000. Après quelque 45 jours d'incubation les nouveaux-nés sont
relâchés sur la plage: "un sur mille échappera aux prédateurs et deviendra
adulte", commente Mauricio Salazar, 40 ans, l'administrateur du Refuge.
A.G.M
©
2019 AFP
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