Espèces menacées: des députés européens demandent l'interdiction de la chasse aux trophées
Plus
de 50 députés européens et une cinquantaine d'organisations de défense de la
nature ont appelé dimanche les parties à la Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction
(CITES) à interdire la chasse aux trophées ciblant des animaux en danger comme
les rhinocéros et les éléphants.
La
CITES interdit tout commerce de plus de 1.000 espèces végétales et animales
considérées comme en danger d'extinction, qui sont recensées dans son annexe 1.
Dans
une lettre adressée à la secrétaire générale de la CITES Ivonne Higuero, les
signataires déplorent que la chasse aux trophées, ayant un caractère récréatif
et considérée comme "non commerciale", ait échappé à cette
interdiction.
La
lettre a été rendue publique au moment où sont réunis à Genève des milliers de
délégués venus de plus de 180 pays, défenseurs de l'environnement et
responsables politiques.
Ils
doivent discuter de 56 propositions visant à modifier le degré de protection
accordé aux animaux et aux plantes sauvages par la Convention.
La
question des trophées de chasse ne figure toutefois pas à l'ordre du jour de la
conférence.
"Un
nombre considérable de trophées d'espèces (relevant) de l'annexe 1 (du traité)
sont commercialisés chaque année, dont les trophées d'espèces figurant sur la
liste rouge de l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature)
en tant qu'espèces ne subsistant plus à l'état sauvage, gravement menacées (ou)
en danger d'extinction, vulnérables ou proches des seuils de menace",
souligne la lettre.
Les
signataires appellent les parties à la Convention à "traiter les trophées
de chasse de la même manière que les autres formes de commerce de la vie
sauvage", et à "appliquer un moratoire immédiat sur les importations
de toutes les espèces (recensées) dans l'annexe 1"
Ils
demandent également l'interdiction des élevages de lions captifs destinés aux
trophées de chasse.
Un
grand nombre d'espèces sont convoitées par les chasseurs, dont les éléphants,
les rhinocéros noirs et blancs, les girafes, les crocodiles, les perroquets
gris, les guépards mais aussi les primates comme les chimpanzés.
La
Campagne pour interdire la chasse aux trophées a déclaré dans un communiqué que
"des permis de la CITES ont été fournis (par) des chasseurs souhaitant
tirer et ramener chez eux des trophées d'animaux parmi les plus menacés dans le
monde".
Eduardo
Goncalves, fondateur de cette association, a déclaré à l'AFP que l'exemption
dont bénéficie la chasse aux trophées dans le traité de la CITES était
"absolument inexplicable".
La
chasse aux trophées est "une industrie internationale générant des millions
de dollars" de bénéfices, et elle est donc "évidemment
commerciale", a-t-il ajouté.
Les
Etats-Unis, plus gros importateur de trophées de chasse, ont délivré au cours
des dix dernières années 200.000 permis d'importation, selon un rapport publié
parla Campagne.
La
Chine occupe la deuxième position mais est de plus en plus active dans ce
secteur: le nombre de permis délivrés par Pékin est passé de 18 en 2007 à 2.142
dix ans plus tard.
La
Campagne note aussi une forte hausse récente des permis détenus par des
ressortissants de plusieurs autres pays comme le Canada, la Belgique,
l'Autriche et la Russie.
La
chasse aux trophées est légale dans de nombreuses régions d'Afrique. Les
touristes paient pour tirer sur un petit nombre d'animaux sélectionnées, une
pratique que certains experts jugent acceptable car favorisant la préservation
à long terme des espèces ciblées.
Les
pays qui délivrent des licences font valoir que les revenus générés par la
chasse aux trophées financent des projets de préservation et de lutte contre le
braconnage.
Mais
les détracteurs de ce type de chasse estiment qu'elle mène au déclin de
nombreuses espèces.
"La
lacune qui autorise les chasseurs de trophées à tirer sur des espèces en danger
doit être comblée immédiatement", a estimé M. Goncalves.
A.G.M
Source : © 2019 AFP
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