Le dérèglement climatique proche du point de non-retour
La
succession de vagues de chaleur caniculaire et d'inondations qui frappent
l'Europe et d'autres continents cet été n'est sans doute qu'une préfiguration
de ce que sera le monde de demain si les hommes persistent à ne pas relever le
défi du changement climatique.
Ces
événements dramatiques agissent comme une piqûre de rappel alors que les
négociations sur les moyens de mettre en œuvre les engagements pris
en 2015 par les États signataires de l'Accord de Paris sur le climat
entrent dans une phase décisive.
On
joue tellement gros dans les 18 prochains mois, soupire Sue Reid,
vice-présidente de l'ONG américaine Ceres, qui incite les entreprises et les
investisseurs à adopter des pratiques durables.
Nous entrons dans une période cruciale pour que les responsables politiques comme le secteur privé inversent réellement la courbe des émissions carbone.
Sue
Reid, vice-présidente de l'ONG américaine Ceres
Alors
que les études scientifiques montrent les unes après les autres une
accélération bien plus rapide que prévu des conséquences du dérèglement
climatique, comme la fonte des glaces et la hausse du niveau des mers, même les
objectifs convenus à Paris en 2015 semblent insuffisants pour contenir la
hausse de la température mondiale à 1,5 °C au-dessus du niveau de l'époque
préindustrielle.
En
octobre dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du
climat (GIEC) a prévenu que les émissions de CO2 devraient commencer à
baisser dès l'année prochaine pour qu'il y ait une chance d'atteindre cet
objectif.
Une manifestation à Bonn, où s'est tenue la conférence des Nations unies sur le climat (COP23), en 2017.
PHOTO : REUTERS / WOLFGANG RATTAY
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Alors
que selon la trajectoire actuelle, la hausse de la température pourrait
dépasser 3 °C d'ici la fin du siècle, le secrétaire général de l'ONU,
Antonio Guterres, s'efforce de convaincre les États de renforcer leurs
engagements avant la session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre.
Révolution ou effondrement
Soulignant
qu'il serait suicidaire de ne rien faire, le diplomate portugais
espère provoquer un sursaut en vue de la prochaine conférence mondiale sur le
climat (COP25) en novembre au Chili.
Dans
les 18 mois qui viennent, la diplomatie climatique va atteindre une
intensité d'un niveau sans égal depuis la signature de l'Accord de Paris,
souligne Tessa Khan, une avocate spécialisée dans la lutte contre le changement
climatique.
Mais
l'enjeu majeur reste de convertir les engagements des États en actes concrets,
car jusqu'à présent, aucune des grandes économies n'a véritablement entamé sa
mutation.
Pour
le climatologue américain Michael Mann, directeur du Centre des sciences de la
Terre à l'Université de Pennsylvanie, cela implique que les gouvernements
accordent à la transition énergétique la même priorité qu'à la mobilisation de
l'industrie pendant la Seconde Guerre mondiale.
La pollution de l’air à Pékin contraint de nombreux habitants au port du masque.
PHOTO : REUTERS / JASON LEE
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L'affaire
semble mal engagée avec un président Donald Trump déterminé à désengager les
États-Unis de l'Accord de Paris, et une Union européenne incapable de
s'entendre sur l'objectif de neutralité carbone en 2050 – relégué en
note de bas de page lors du dernier sommet européen à Bruxelles en raison de
l'opposition de pays comme la Pologne, la République tchèque et la Hongrie.
Face
à l'inaction des États, certains préfèrent se préparer à l'effondrement du
monde actuel.
Soit
nous transformons radicalement notre mode de vie collectif en renonçant aux
énergies fossiles, soit, et c'est plus probable, le changement climatique
précipitera la fin de la civilisation capitaliste mondiale alimentée par les
énergies fossiles, écrivait l'auteur américain Roy Scranton dans une tribune
publiée en avril dans la MIT Technology Review.
Source :
Radio Canada
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