Le
pétrolier français lance un programme de R&D de 40 millions d'euros
avec l'IFP Energies nouvelles. Le captage et le stockage du dioxyde de carbone
sont encore balbutiants et requièrent des subventions publiques. La filière est
considérée comme indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de
serre.
Total
va miser 40 millions d'euros de plus sur une filière indispensable au
respect de l'Accord de Paris, celle du captage
et du stockage du CO2 . Le pétrolier français annonce ce mardi un
partenariat de recherche et développement avec l'IFP Energies nouvelles,
l'ancien Institut français du pétrole. Le programme porte sur une durée de cinq
ans et « vise à réduire le coût des infrastructures et à améliorer
l'efficacité énergétique de la chaîne afin d'assurer son développement à grande
échelle », explique Catherine Rivière, en charge de ces questions
au sein de l'organisme public.
Le
captage du CO2 est encore balbutiant. Un peu plus de 30 millions de
tonnes sont collectées chaque année dans le monde auprès des gros émetteurs de
dioxyde de carbone comme les compagnies productrices de gaz et de
pétrole, le
secteur de l'énergie dans son ensemble, la
sidérurgie , l'industrie du ciment ou encore la chimie, relève
l'Agence internationale de l'énergie (AIE). L'agence prévoit une montée en
puissance rapide pour atteindre 2,3 milliards de tonnes captées et
stockées d'ici à 2040.
Des
projets subventionnés
Dans
ce scénario, qui serait en ligne avec l'Accord de Paris sur le climat, le
captage et le stockage de CO2 représenteraient 7 % des réductions
d'émissions de gaz à effet de serre à cet horizon. « C'est un
élément indispensable pour tenir les objectifs de réchauffement »,
explique Samantha McCulloch, analyste à l'AIE.
Les
initiatives se multiplient mais elles restent encore peu nombreuses et sont en
général largement subventionnées faute de rentabilité. Ainsi la Norvège
finance-t-elle un projet de grande envergure piloté par la compagnie pétrolière
nationale Equinor grâce à une taxe sur l'exploitation pétrolière offshore. Le
CO2 sera capté sur deux sites de la région d'Oslo, une cimenterie et une
unité de valorisation des déchets, puis transporté par pipeline et injecté dans
des puits sous-marins au fond de la mer du Nord.
Mettre
en place une filière industrielle
Hormis
quelques projets emblématiques de ce type, les investissements peinent à
démarrer. Sur 28 milliards de dollars annoncés par les Etats et les
entreprises, seuls 15 % ont été effectivement dépensés à ce jour, pointe
l'AIE. L'une des raisons est le coût du captage, qui varie beaucoup selon les
projets. Il peut plafonner à 15 euros par tonne de CO2 captée dans une
centrale à gaz et atteindre jusqu'à 100 euros la tonne sur un site
sidérurgique et même 120 euros dans une cimenterie.
C'est
pourquoi le programme de recherche de Total et de l'IFPEN met l'accent sur la
réduction des coûts. « La technologie est encore trop chère et
consomme trop d'énergie, explique Marie-Noëlle Semeria, directrice de
R&D au sein du groupe pétrolier. Il faut mettre en place une véritable
filière industrielle si l'on veut obtenir des économies d'échelle ». « Des
progrès sont nécessaires également dans l'évaluation des capacités de stockage
et leur surveillance », ajoute Catherine Rivière. Au lieu d'être stocké, le
CO2 peut aussi être utilisé, notamment pour améliorer la productivité des puits
de pétrole -c'est le cas au Texas - ou encore dans l'industrie alimentaire pour
les boissons gazeuses.
Crédits
d'impôts aux Etats-Unis
Total
et d'autres groupes du secteur de l'énergie demandent la mise en place d'une
taxe internationale sur le carbone qui permettrait de rentabiliser l'activité.
Aux Etats-Unis, Donald Trump a augmenté cette année les crédits d'impôts pour
favoriser le captage et le stockage du CO2. « Plusieurs projets
américains de grande envergure ont été annoncés depuis », relève
Samantha McCulloch. Quelque 450 millions de tonnes pourraient être captées
et stockées dans le monde avec une subvention de moins de 40 dollars par
tonne, estime l'AIE.
Par
Vincent Collen
Source: lesechos.fr
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