Des sols français fatigués
L’érosion
menace un quart des sols français. C’est ce qui ressort de la première
cartographie pédologique (des sols) réalisée à partir de la collecte et de
l’analyse de 2200 échantillons de sols. Une piqûre de rappel alors que les
terres arables sont de plus en plus menacées par les diverses pollutions et le
bétonnage.
Contexte
En
2001 sont mis en place un réseau national de surveillance et un Conservatoire
national chargés de suivre l’évolution des sols. Leur premier bilan met en
évidence les différentes menaces qui pèsent sur les terres cultivables
françaises.
Enjeu
Les
sols ont décidément la vie dure. En cause, une activité humaine peu
respectueuse de la nature qui se décline sous plusieurs formes.
La
plus visible est sans doute le bétonnage : routes, supermarchés,
structures industrielles… Environ 60 000 hectares de terre disparaissent chaque
année sous des constructions diverses, selon Dominique Arrouays, directeur de
l'unité Infosol à l'Institut national de recherche agronomique (INRA). « Non
seulement on diminue notre potentiel agricole, mais on détruit un grand nombre
de fonctions environnementales des sols, en particulier leur rôle de tampon en
cas d’événements extrêmes, comme les inondations. »
Des
inondations également favorisées par l’érosion, un processus naturel
irréversible et accéléré par des pratiques agricoles intensives :
défrichements, suppressions des haies et des fossés due à l’augmentation de la
taille des parcelles, monoculture qui laisse les terres à nu une partie de
l’année, labours intensifs aux détriments des prairies… Résultat : la terre
maltraitée n’est plus aérée, elle se resserre et se compacte. Les sols
deviennent imperméables et ne laissent plus filtrer l’eau, ce que dénonce
Claude Bourguignon, ingénieur agronome à la tête du Laboratoire d'Analyses
Microbiologiques des Sols (LAMS). Cet ancien membre de l’INRA, chercheur en
microbiologie, lutte pour la préservation de la biodiversité des sols qui
« abritent 80% de la biomasse vivante »
et la diminution de l’utilisation des pesticides. « Nous ne faisons
plus de culture en Europe, nous gérons de la pathologie végétale »
s’alarme-t-il dans le film Alerte à Babylone de Jean Druon.
Les pollutions d’origine
agricole et industrielle participent largement à l’épuisement des terres
françaises. La cartographie pédologique souligne la présence de métaux lourds
tels que le plomb, le nickel, le cadmium, le mercure et le zinc, mais aussi de
polluants organiques comme les dioxines ou le lindame, un insecticide interdit
en 1998. D’après Dominique Arrouays, « il n’y a aucune situation
catastrophique au point qu’il faut alerter les populations locales ».
Claude Bourguignon met cependant en garde contre les conséquences de cette
contamination sur la qualité des aliments et sur la santé humaine.
Par Claire
Tomasella
Source : www.geo.fr
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