COP26 : UN ACCORD MONDIAL ADOPTE SUR LA DEFORESTATION
Une centaine de
pays se sont engagés à stopper la déforestation, et à inverser la tendance,
d’ici à 2030. De la France au Brésil, les acteurs de la société civile
attendent désormais des mesures concrètes.
Le texte aura
mis d’accord Jair Bolsonaro, Xi Jinping, Joe Biden ou encore Vladimir Poutine.
Au deuxième jour de la COP26, une centaine de dirigeants mondiaux ont publié, mardi
2 novembre, une déclaration, dans laquelle ils s’engagent à stopper la
déforestation, et à inverser la tendance, d’ici à 2030. L’accord est de taille
: les pays signataires représentent plus de 80 % des forêts dans le monde.
En parallèle,
plusieurs pays, dont la France, se sont engagés sur un financement de 12
milliards de dollars (10,3 milliards d’euros) de fonds publics pour préserver
les surfaces les plus vulnérables, complété par 7,2 milliards de dollars (6,2
milliards d’euros) de fonds privés. La présidence britannique n’a pas détaillé
la façon dont cet argent sera affecté et réparti. Mais ces fonds devraient participer
à « la restauration des terres dégradées, la lutte contre les incendies
de forêt et au soutien des droits des communautés autochtones » dans
les pays en développement.
Un engagement non contraignant
Si la
déclaration a été saluée par les acteurs de la société civile, ces derniers
attendent des actes. « Les pays s’engageaient déjà contre la
déforestation au Sommet de la terre de Rio en 1992 », rappelle Pierre
Cannet, directeur du plaidoyer au WWF France.
Vingt-deux ans
plus tard, en 2014, plusieurs États avaient, en outre, signé la déclaration de
New York sur les forêts, s’engageant à diviser par deux la déforestation en
2020. Ce qui n’a pas empêché, bien au contraire, une accélération du
phénomène. « Nous attendons de voir quelles seront les actions engagées
par l’Union européenne », poursuit Pierre Cannet. Dans un rapport de
février 2021, le WWF estimait en effet que l’UE était le deuxième responsable
mondial de la déforestation importée.
Pour le
militant, l’un des leviers concerne les entreprises. « Il faudrait
imposer un devoir de vigilance aux entreprises quant à leur impact sur les
écosystèmes, qui serait légalement contraignant ». Une proposition que
l’ONG met sur la table, alors que la Commission européenne doit présenter, en
novembre 2021, de nouvelles mesures sur la protection des forêts.
Parmi les
signataires de l’accord, on trouve par ailleurs des pays peu regardants sur les
questions de déforestation. Le Brésil, notamment, où elle s’est largement accélérée durant le mandat du conservateur Jair
Bolsonaro. « L’engagement n’est pas contraignant, il ne prend pas
beaucoup de risques », avance Gabriel Lui, coordinateur pour la
fondation brésilienne Instituto Clima & Sociedade.
L’engagement de 30 institutions financières
« Comment
Bolsonaro va-t-il mettre sa politique en accord avec cet engagement ? Voilà
l’interrogation de la société civile, alors que ce président a été complètement
à rebours ces dernières années », poursuit-il. Gabriel Lui
plaide également pour des mesures contraignantes et la possibilité pour les ONG
de garder un œil sur les processus de décisions au niveau local. Mais reconnaît
néanmoins qu’« il est important d’avoir des accords internationaux de cette
ampleur ».
Autre bonne
nouvelle, ce mardi 2 novembre, à la COP : les dirigeants de plus de 30
institutions financières dont Aviva et Axa, se sont engagés à cesser leurs
investissements dans des activités liées à la déforestation.
Dans un autre
domaine, les négociations ont aussi porté leurs fruits. Plus de 80 pays, dont
ceux de l’UE et les États-Unis, ont décidé de réduire les émissions de méthane
d’au moins 30 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2020. Cette baisse
d’émissions de CH4 – au pouvoir réchauffant beaucoup plus élevé
que le CO2 – peut-être un puissant levier à court terme.
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