Sénégal : Comprendre la hausse de l’électricité
Par Cheikh Mbacké SENE
La
hausse de l’électricité observée ces jours-ci au Sénégal n’est du goût de
personne, il faut se l’avouer. Ni du goût des consommateurs sénégalais et
encore moins de la Société nationale d’électricité (Senelec) et des autorités,
malgré tout ce que l’on peut penser. Accepter ou ne pas accepter, chacun est
libre. Comprendre ou ne pas comprendre, cela peut arriver. Toutefois, il
importe de rappeler, en dépit de tout ce qu’on peut penser, que l’Etat supporte
toujours 20% de la facture et que la Senelec réajuste ses tarifs pour pouvoir
continuer à approvisionner de façon correcte et plus inclusive, les Sénégalais.
Deux vérités que les Sénégalais doivent garder à l’esprit. La première chose à comprendre c’est que la
fluctuation des tarifs d’électricité s’inscrit dans la logique naturelle de la
vie de tout Etat. Le marché de l’électricité ressemble fonctionne comme à la
Bourse. D’un jour à l’autre, ses prix peuvent varier en fonction de multiples
facteurs endogènes et exogènes. Toutefois, il importe de préciser d’emblée
qu’il s’agit d’un « rééquilibrage tarifaire » et non d’un « trend haussier »
classique.
“Réajustement ” plutôt que « hausse »
Il
importe de revenir sur la situation en expliquant clairement de quoi dont il
s’agit exactement. Loin d’être dans un trend haussier, il s’agit plutôt d’un
“réajustement ” des tarifs, lequel est défini en fonction de la consommation
des ménages et en trois catégories, par rapport au coût de la facture. Il
s’agit d’une hausse de 6% sur la moyenne et haute tension et 10% sur la basse
tension, en épargnant les consommations des clients domestiques sur la 1ère
tranche. En détails, les familles dont la consommation est inférieure à 15.000
francs CFA ne sont pas concernées par la hausse. Cependant, les familles dont
les factures atteignent 25.000 Francs CFA verront leur facture croître de 600 à
1200 Francs CFA. Enfin, les factures de consommation de plus de 200.000 francs
CFA, subiront une hausse de 6%.
Qu’est ce qui explique ce réajustement tarifaire ?
L’Etat
qui compensait pendant des années à hauteur de 26% le secteur, soulageant le
consommateur sur une bonne partie de sa facture, a décidé de ne plus supporter
que 20%. Ce réajustement des prix que certains appellent « hausse » permettra
donc à la SENELEC de rentrer dans ses fonds (combler les 6%), en supportant au
mieux les chocs exogènes que sont le cours du baril et la baisse du dollar, de
poursuivre dans les meilleures conditions, sa dynamique transitoire
(2023-2024).
L’objectif
est de garder le cap, poursuivre le stratégique pour arriver à une baisse du
coût de l’électricité, qui peut aller jusqu’à 40% à cette échéance. Ce qui
permettra à la SENELEC de rester dans la dynamique de développement logistique
et de production correcte, avec des moyens corrects et à la hauteur de ses
ambitions, d’être dans une logique de performance durable, bénéfique à la
nation.
Les
Sénégalais doivent juste se rappeler de la situation du pays en 2011, un an
avant que le Président Macky SALL n’accède au pouvoir. Cette année-là, la
situation paraissait inextricable : financièrement exsangue, la Société
nationale d’électricité (Senelec) n’avait même plus les moyens, au plus fort de
la crise, d’acheter du combustible pour alimenter ses centrales, et encore
moins d’en assurer la maintenance.
À
Dakar, ce contexte explosif a conduit aux « émeutes de l’électricité », qui
donnèrent naissance au mouvement Y en a marre. Les Sénégalais ont été heureux
de ces acquis. Alors faut-il les remettre en cause sachant que retirer de
moyens à la SENELEC, serait synonyme de recul et de risque probable de retour à
nouveau à des délestages récurrents.
La
réduction de l’enveloppement de la compensation de 6% par l’Etat, s’inscrit
dans la logique de maîtrise de ses dépenses publiques, en phase avec les
critères de convergence des déficits budgétaires et d’harmonisation budgétaire
dans l’espace UEMOA. Lesquels sont en parfaite cohérence avec les orientations
stratégiques et d’émergence du pays.
Ce que le Président Macky SALL a fait dans le domaine des énergies depuis 2012
Sous
le Président Macky Sall, le Sénégal a plus que doublé sa production énergétique
la faisant passer de 500 MW en 2012 à 1 141 MW en 2018. Le pays mène aussi deux
projets de 60 MW en solaire et 150 MW en éolienne. Avec plus de 3 000 km de
lignes de transport installées, le réseau électrique du Sénégal, modernisé et
densifié, est désormais mis à niveau. Dans le domaine de l’énergie, les
chiffres et réalisations parlent d’elles-mêmes. Sous le Président Macky Sall,
les coupures d’électricité sont passées de plus de 950 heures de coupures
cumulées en 2011, à 24 heures cumulées pour l’année 2019.
La
maîtrise de l’énergie est de plus en plus opérante avec l’installation de
plusieurs centrales solaires et une centrale éolienne (Malicounda 20Mw en 2016,
Mérina Dakhar, Tivaouane 20Mw en 2017, Bokhol 20Mw en 2016, la centrale
hydro-électrique de Félou pour 15Mw pour le Sénégal dans le cadre de l’Omvs,
Diamniadio 2Mw). Un renforcement de capacité qui a permis la baisse du coût de
production de l’électricité, passant de 101,92 F CFA/KWh en 2012 à 55,26 F
CFA/KWh à fin 2016, entraînant ainsi une baisse de 10% des tarifs de l’électricité
pour les foyers sénégalais à partir du 1er janvier 2017.
La
réhabilitation des infrastructures énergétiques est aussi une des
préoccupations majeures du Président Macky Sall: rénovation de la centrale de
Kahone, du groupe 804 de Boutoute, l’acquisition de 5 groupes électrogènes pour
la région de Kolda pour 5 MW mis en service le 29 novembre 2014, l’extension
des centrales de la Senelec fonctionnant au fioul lourd à Bel air, Kahone et
Boutoute pour 45,3 milliards, etc.
En
2012, la production totale depuis l’indépendance dans tout le territoire
national était de 674,5Mw, alors qu’au 31 décembre 2016, elle est passée à
848Mw, d’où 173,4Mw produits par le régime du Président Sall. De 2012 à 2016,
le Sénégal a produit en moyenne 43,35Mw/an. Il est à noter que la tendance
haussière de la production nationale va s’intensifier avec à terme 943,4Mw
supplémentaires d’ici à juillet 2019, avec les centrales à charbon de Sendou
(125Mw) et Mboro (300Mw), les centrales solaires de Kahone (20Mw), Mérina
Dakhar, Tivaouane (20Mw), Santhiou Mékhé (20Mw), Sakal (20Mw), Ipp Solaire
programme scaling solar en 2018 (100Mw), Diass (15Mw), la centrale éolienne de
Taïba Ndiaye (150Mw entre janvier 2018 et juillet 2019).
A
cela s’ajoutent les réalisations en cours au niveau de l’Omvs, qui viendront
booster considérablement la production, et les efforts considérables dans le
transport/distribution de l’électricité par le renouvellement d’infrastructures
vétustes par de nouvelles. En juillet 2019, la production sera de 943,4Mw, avec
une moyenne de 134,77Mw/an depuis 2012. La bataille du Président Macky Sall est
d’arriver à l’accès universel à l’électricité en 2025, avec un objectif
intermédiaire en 2020 de 60% d’électrification rurale dont 30% par département.
L’électrification
rurale contribue à la réduction de la pauvreté en milieu rural par la création
d’emplois non agricoles, avec l’émergence de corps de métiers (artisans et
maçons biogaz pour la construction de bio digesteurs ou la fabrication d’accessoires
ou de pièces détachées). L’objectif du Président Macky Sall, on le répète, est
d’arriver à l’accès universel de l’électricité en 2025, avec un objectif
intermédiaire en 2020 de 60% d’électrification rurale dont 30% par département.
Pour
synthétiser, il est important que les Sénégalais comprennent et ne perdent pas
de vue les efforts consentis depuis 2012 pour permettre de rompre presque
définitivement avec les délestages et d’arriver à des taux de couverture de
plus en plus inclusifs. Les coupures d’électricité sont passées de plus de 950
heures de coupures cumulées en 2011, à 24 heures cumulées pour l’année 2019.
Et
que le réajustement des tarifs que certains appellent « hausse », permet de ne
pas revenir en arrière et revivre les coupures intempestives. Il importe
également de comprendre que l’Etat compense toujours l’électricité à hauteur de
20%, que les investissements consentis en mix énergétique ne sont pas encore
arrivés à un seuil de productivité qui nous permettra de pratiquer des tarifs
bas.
Et
ce, bien que des pas importants aient été réalisés au grand bonheur d’un bon
nombre de nos concitoyens. Comprendre également que la diminution de la
compensation de l’électricité de 6% permettra à l’Etat de mieux maîtriser ses
dépenses publiques, de réduire son déficit budgétaire et d’assurer correctement
sa croissance à venir.
Même
s’il faut comprendre les difficultés des familles à joindre les deux bouts et
leur capacité à supporter cette hausse, force est de reconnaître avec une
analyse plus objective des raisons évoquées, que le consommateur est au centre
des préoccupation. Mieux vaut payer l’électricité que de ne pas en avoir. Il
faut aussi être dans un esprit de solidarité en permettant à la Senelec de
pouvoir fournir le maximum de nos concitoyens possible.
Tout
autre discours tenu par l’opposition ne serait que tentative de manipulation,
tendant à jeter le discrédit sur le travail extraordinaire visible et
perceptible qu’entreprennent l’Etat et la Senelec. L’opposition est toujours dans
des critiques peu constructives et jamais dans l’esprit de renforcer la
cohésion nationale ou la stabilité du pays, toujours dans un objectif de nous
monter les uns les autres.
Dans
tous les cas, une seule vérité demeure : « l’énergie la moins chère est celle
qui n’est pas consommée ». Si la cherté encourage à consommer moins, c’est déjà
un pas dans l’économie d’énergie.
Cheikh
Mbacké SENE
Consultant en communication d’influence et Intelligence économique
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