Pollution: Le méthane qu’on ne veut pas voir
Les
fuites de méthane causées par des infrastructures pétrolières ou gazières mal
entretenues sont nombreuses, et contribuent à l’accumulation dans l’air de ce
gaz à effet de serre plus puissant que le CO2. Des journalistes du New
York Times ont choisi d’illustrer le problème de ce gaz invisible en
le rendant visible à l’oeil nu.
Ils ont notamment utilisé une caméra infrarouge qui,
braquée sur différentes installations, comme celles de la centrale de gaz DCP
Pegasus, au Texas, à partir d’un avion « rempli d’équipements
scientifiques », a permis de voir de grandes quantités de méthane
s’échapper là où ne les attendait pas. En quatre heures de vol, les instruments
ont identifié six sites, dont celui de Pegasus, avec des émissions de méthane
anormalement élevées.
Le
reportage rappelle qu’une étude menée en
2017 autour d’un territoire d’extraction de gaz de schiste au Texas,
avait mesuré des émissions de méthane dépassant les 60 livres à l’heure (27
kilos), ce qui entrait dans la catégorie dite des « super
émetteurs ». Or, ici, on parle d’émissions s’étalant entre 300 et 1100
livres par heure.
Le
problème n’est pas seulement de réussir à voir ou ne pas voir le méthane qui
fuit. Le problème est que ce type d’émissions est mal réglementé aux États-Unis
et ailleurs dans le monde, et qu'il fait l’objet d’un lobbying intense de la
part des compagnies pour être encore moins réglementé. Une des conséquences est
qu’on a beaucoup de mal à savoir exactement combien de gaz fuit, dans toutes
ces installations à travers le monde: les façons de le mesurer ou les méthodes
d’inspection varient d’un gouvernement à l’autre.
Or,
avoir une idée plus juste de la quantité exacte de méthane qui
« fuit » permettrait de résoudre un débat qui fait rage depuis au
moins 20 ans —depuis que l’extraction de gaz de schiste a pris une immense
valeur: le gaz naturel peut-il vraiment être considéré comme une énergie de
« transition » entre les carburants fossiles —pétrole et charbon— et
les renouvelables? Sans surprise, plusieurs recherches ont affirmé ces dernières années
que les émissions de méthane provenant de ces infrastructures étaient plus
élevées que ce qui avait été estimé officiellement jusqu'ici. Et —sans pouvoir
affirmer que les deux faits sont reliés— on sait par ailleurs que les
concentrations de méthane dans l'atmosphère sont en hausse régulière depuis
2007.
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