Hydrocarbures : le grand boom du pétrole africain
Côte
d’Ivoire, Gabon, Tunisie… les pays du continent continuent d’afficher leurs
ambitions.
L’Afrique
continue de monter en puissance sur la scène pétrolière mondiale. La Côte
d’Ivoire, qui souhaite devenir un pôle énergétique régional, vient de signer
des contrats avec le groupe français Total et l’italien Eni pour l’exploration de
quatre blocs pétroliers pour un montant de 185 millions de dollars.
C’est
au cours la Semaine africaine du pétrole (Africa Oil Week), qui s’est tenue à
Cape Town du 4 au 8 novembre, que l’appel à manifestation d’intérêt pour cinq
blocs pétroliers a été lancé par le ministre ivoirien de l’Énergie,
Abdourahmane Cissé. « Il s’agit des blocs CI-800, CI-801, CI-802,
CI-102, CI-503, qui regorgent de forts potentiels et dont les données sont
suffisantes pour une mise en exploitation rapide », avait
précisé le ministre. Et d’ajouter : « Nous voulons des
entreprises fortes, des entreprises qui ont fait des choses dans d’autres pays ».
La
production ivoirienne de pétrole a augmenté de 24,17 % au premier
semestre, à 6,9 millions de barils (38 318 barils par jour). Mais les ambitions
du pays ouest-africain, première économie d’Afrique francophone, sont autrement
plus élevées. La Côte d’Ivoire, qui mettra au total 18 blocs en vente par appel
d’offres, vise les 100 000 barils par jour.
Pour
les autorités ivoiriennes, les hydrocarbures constituent un moyen de renforcer
les perspectives de croissance à moyen et long terme.
En
effet, d’après les perspectives économiques du Fonds monétaire international,
« la diversification de son économie » permettra à la Côte d’Ivoire de
maintenir une croissance moyenne de 6 % en 2019 et 2020, contre 3,2 %
et 3,6 % sur la même période pour la région.
Séduire les investisseurs
« Nous
sommes dans une situation où l’économie est en train d’être transformée sur le
plan structurel. Cela se vérifie par la structure du produit intérieur brut
(PIB). Le secteur primaire qui y avait un poids important en 2011-2012 a vu son
poids réduit en 2018-2019. Dans le même temps, la part des secteurs tertiaire
et secondaire croît », a expliqué le
ministre de l’Économie et des Finances, Adama Coulibaly.
Mais
le pays d’Alassane Ouattara n’est pas le seul à miser sur les hydrocarbures.
Grâce à son nouveau code pétrolier, promulgué en juillet, le Gabon espère
séduire les investisseurs.
Le
nouveau code acte le retrait total de l’impôt sur les sociétés (qui s’élevait à
35 %) et revoit la redevance minière proportionnelle (RMP, soit la
rétribution de l’opérateur à l’État pour le droit d’exploitation du sol) à la
baisse. Elle passe d’un minimum de 9 % à un minimum de 5 % pour l’offshore.
Le
Gabon, dont la production est passée de 240 000 barils par jour en 2008 à
194 000 en 2018, espère atteindre 300 000 barils par jour d’ici à
2020-2021, selon
son ministre du Pétrole, Noël Mboumba.
Pour
le ministre, le nouveau code pétrolier « est une réponse aux attentes
longtemps exprimées par l’industrie, car il se traduit par un assouplissement
de la pression fiscale ». Ainsi, s’il est vrai que le pays disposera de
moins de recettes dans l’immédiat, le ministre est persuadé que le nouveau code
contribuera à créer « une synergie » sur le long terme.
L’optimisme
est également de mise en Tunisie, où 2019 pourrait passer à l’histoire comme
« l’année de la reprise ». Six nouveaux permis de prospection ont été octroyés
par le ministère de l’Industrie et des PME en juillet, et trois autres
devraient suivre avant la fin de l’année. Ces neuf nouvelles concessions
représentent une augmentation d’un tiers des 21 permis en activité en 2018.
Sept nouveaux producteurs
Au
total, les investissements dans le domaine de l’exploration sont passés de 72
millions de dollars en 2018 à 254 millions en 2019. « Nous ambitionnons de
voir la production de l’énergie s’améliorer dans les prochaines années en
Tunisie », a
déclaré Sofiene Haddad, chef du département des Études générales
exploration au sein de l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières
(ETAP).
La
Tunisie se prépare également à amender son code des hydrocarbures, afin qu’il
« s’adapte au contexte énergétique national et international et qu’il soit
plus attractif pour les investisseurs ».
Le
nouveau code devrait notamment inclure un chapitre sur les ressources non
conventionnelles, dont le gaz de schiste. « Si l’on veut améliorer notre
sécurité énergétique, il faudra, outre les mesures en cours visant à introduire
des énergies renouvelables, passer par le non-conventionnel. On doit donc
permettre les forages d’exploration, de fracturation et d’essais de puits sur
ces réservoirs encore peu connus pour savoir quelles sont nos réserves exactes
et décider de la marche à suivre », analyse Hichem
Mansour, président de HOSN Energy Consulting.
Pour
l’instant, une chose est sûre : la montée en puissance de l’Afrique n’est
pas près de s’arrêter. D’après le dernier rapport « Arcadia »
(« Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics in Africa »), rédigé par
une vingtaine d’experts internationaux, sept nouveaux pays africains vont
devenir producteurs, voire exportateurs de pétrole et de gaz d’ici 2023 :
l’Ouganda, le Kenya, le Sénégal, la Mauritanie, le Mozambique, la Tanzanie et
l’Afrique du Sud. Le grand boom du pétrole africain ne fait que commencer.
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