Bactéries résistantes : le bilan s’alourdit
L’évolution
des bactéries résistantes aux antibiotiques constitue un des cauchemars des
médecins depuis des décennies. L’organisme réglementaire de la santé aux
États-Unis vient de leur attribuer un bilan plus lourd que prévu —et voué à
s’alourdir encore tant qu’on n’aura pas trouvé de solutions.
Ces
bactéries auraient rendu malades 3 millions de personnes chaque année aux
États-Unis, et seraient responsables de 35 000 décès, selon le rapport
publié mercredi par le Centre de contrôle des maladies (CDC).
On
parle ici de bactéries dont une partie de la population a évolué avec une
mutation qui la rend résistante à un ou des antibiotiques —ces médicaments qui,
depuis le milieu du 20e siècle, pouvaient les combattre efficacement. Cette « antibiorésistance »
s’est progressivement étendue, dans la dernière décennie, d’une classe
d’antibiotiques à plusieurs classes, et dans beaucoup de cas, la médecine n’a
plus d’armes à sa disposition lorsqu’elle se retrouve devant un patient infecté
par ces visiteurs indésirables. Au point où le rapport du CDC est
accompagné d’un avertissement : « cessez de faire référence à une future
époque post-antibiotiques ; nous sommes déjà dedans ».
Une
partie du problème est causée par notre surutilisation des antibiotiques, qui
favorise l’accélération de cette évolution darwinienne des bactéries. Le
rapport du CDC contient à ce sujet un chiffre qui est en même temps un reproche
aux médecins : 30% des prescriptions pour des antibiotiques le seraient pour
des infections qui ne nécessitent pas d’antibiotiques.
La
piste de solution la plus avancée à l’heure actuelle est celle des virus
bactériophages, c’est-à-dire des virus capables en théorie de
« dévorer » des bactéries. Le développement de nouvelles classes d’antibiotiques
serait aussi en théorie possible, mais la recherche pharmaceutique dans ce
domaine reste très mal financée depuis 20 ans, en dépit des alertes
croissantes.
Selon
un rapport de l’Organisation mondiale de la santé publié en avril dernier, si la tendance se maintient, vers
l’an 2050, ce sont 10 millions de personnes qui pourraient mourir chaque année
à travers le monde.
Rien qu’aux États-Unis, dans un rapport précédent publié en
2013, le CDC estimait à « seulement » 2 millions le nombre annuel
d’infections causant 23 000 décès par an. La bonne nouvelle du nouveau rapport
est que les hôpitaux ont appris à déceler plus vite de telles bactéries et à en
limiter la propagation chez le patient infecté: le taux de décès aurait diminué
de 18% depuis 2013.
La
prévention par le lavage systématique des mains est également une mesure de
prudence élémentaire et l’injonction aux médecins de cesser de prescrire des
antibiotiques pour des maladies qui ne nécessitent pas d’antibiotiques,
continue d’être martelée. L’injonction vaut aussi pour les patients: si vous
avez un vilain rhume, vous n’avez pas besoin d’antibiotiques.
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