Au Soudan, des
villageois frappés par les inondations du Nil
Quelques jours après
avoir vu son village englouti par des inondations, Al-Sediq Abdelkader a
désespérément tenté, à bord de son camion, de retrouver sa petite maison, au
nord de Khartoum, la capitale soudanaise.
Des crues du Nil ont
inondé sa maison, dans le village de Wad Ramli, situé sur les rives orientales
du fleuve, le poussant à fuir à bord d'un ferry avec sa famille pour rejoindre
le plus proche endroit non inondé.
"Toute ma maison a
été détruite", confie l'homme de 57 ans. "J'ai vécu toute ma vie dans
ce village et n'ai jamais vu une pareille inondation".
"Je peine à
reconnaître ma maison et j'essaye de l'identifier, comme certains l'ont fait, à
partir des arbres autour", poursuit-il.
Son habitation est l'une
des milliers détruites ou endommagées par les inondations qui ont récemment
touché au moins 15 Etats et près de 200.000 Soudanais.
Au moins 62 personnes
ont été tuées et près de 100 blessées, a indiqué l'agence officielle Suna, qui
a cité un responsable du ministère de la Santé affirmant que la crise n'avait
"pas atteint un niveau (suffisant) pour être déclarée en état de
catastrophe naturelle".
Les autorités ont envoyé
camions et bateaux pour sauver les familles touchées et leurs effets
personnels.
Mais M. Abdelkader
figure parmi les moins chanceux. "Je n'ai réussi à retrouver aucun de mes
biens. Ma famille habite désormais avec des proches dans un village
voisin", déplore-t-il.
- "Des moustiques partout" -
La route principale à
l'entrée de Wad Ramli est parsemée de meubles trempés et de dizaines de tentes
où se sont réfugiées des familles.
Ces inondations
surviennent dans un contexte de transition vers un pouvoir civil au Soudan.
Un Premier ministre et
un Conseil souverain majoritairement composé de civils doivent superviser une période
de transition de 39 mois, conséquence de la destitution en avril du président
Omar el-Béchir après trois décennies à la tête du pays.
Vendredi, le nouveau
Premier ministre Abdallah Hamdok s'est rendu à Wad Ramli et a appelé à
accroître les efforts humanitaires. Cette crise devrait durer jusqu'en octobre,
fin de la période des pluies, a estimé l'ONU.
Et, alors que les
villageois de Wad Ramli ont déjà été touchés, les habitants des villages
alentour se préparent à voir la crue progresser.
Dans le village voisin
de Wawesi Gharb, Sami Ali, un agriculteur de 35 ans, explique avoir tout fait
pour se protéger de la montée des eaux.
"Nous avons placé
des piles de sacs de sable autour des maisons pour réduire les dommages si nous
sommes touchés par les inondations, surtout après que l'eau a encerclé notre
village", affirme-t-il.
Un autre habitant,
Hozeifa al-Ser, 24 ans, dit craindre une épidémie car "moustiques et
mouches volent partout".
- "Nous rentrerons" -
Des cliniques de
campagne ont été installées à l'entrée de Wad Ramli, mais médicaments et
denrées manquent, selon les humanitaires.
Des centaines de
villageois désormais installés dans des tentes réfléchissent aux moyens de
retourner chez eux.
"Nous avons vécu
dans ce village toute notre vie. Nous devrons y retourner et reconstruire nos
maisons. Il faut juste que les autorités construisent des digues, mais nous ne
partirons pas", affirme-t-elle.
Chehab al-Din Mohamed,
19 ans, a perdu ses pièces d'identité et ses documents d'inscription à
l'université.
A.G.M
Source : © 2019 AFP
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