Des animaux de plus en
plus petits, des pelages qui changent de couleur… Les travaux montrant l’impact
du réchauffement climatique sur la morphologie de la faune terrestre se
multiplient. D’après une nouvelle étude, il serait responsable d’un autre phénomène
étrange : le grossissement du cerveau des éléphants d’Afrique.
Les experts de l’IPBES
l’ont formellement affirmé, l’activité humaine et le réchauffement climatique
ont un impact significatif sur la biodiversité. Leur rapport publié
en mai dernier fait état d’une statistique alarmante : sur les quelque huit
millions d'espèces animales et végétales estimées sur Terre, un million sont désormais
menacées d'extinction. Mais l’impact sur la biodiversité se fait aussi à une
autre échelle, peut-être plus lente et moins visible, mais toute aussi notable
: le changement climatique provoque des modifications morphologiques chez
certains animaux.
Pour la première fois,
des chercheurs sont parvenus à reconstituer une chronologie précise de
l’évolution de la taille du cerveau des éléphants
d’Afrique. Ils ont remarqué que l’organe des pachydermes avait
significativement grossi en deux temps, une première fois il y a 26 millions
d’années et une deuxième 20 millions d’années en arrière. Or, ces deux périodes
correspondent précisément à une modification importante du climat en Afrique,
une désertification d’abord, à laquelle s’est ensuite ajoutée l’humidité.
Dans leur étude*,
les scientifiques avancent l’hypothèse suivante : le cerveau des éléphants
grossit en période de changement climatique pour leur permettre de s’adapter et
de trouver des solutions, par exemple en migrant davantage pour trouver de la
nourriture ou encore en développant une plus grande mémoire pour mieux se
souvenir des points d’eau en période de sécheresse. Si ces travaux démontrent
plutôt la capacité d’adaptation de certaines espèces face au réchauffement
climatique, d’autres dévoilent une facette beaucoup plus inquiétante de son impact
sur la morphologie animale.
- 25 % de masse
corporelle d'ici à 2100
Une étude récente
menée par des chercheurs de l’université de Southampton en Angleterre prévoit
par exemple une diminution de 25 % de la masse corporelle de la faune terrestre
d'ici à la fin du siècle. Un déclin ultra-rapide si on le compare à la
réduction de la taille des espèces observée entre la dernière période
interglaciaire et aujourd'hui : en 130 000 ans, elle n’avait diminué
"que" de 14 %. À l’avenir, les scientifiques estiment donc que les
petits animaux mangeurs d’insectes, très fertiles mais à l’espérance de vie
limitée, devraient prédominer : rats, gerbilles, merles, moineaux… À l’inverse,
les grandes espèces nécessitant des conditions environnementales bien précises,
comme les éléphants, les rhinocéros,
les girafes ou encore les aigles, sont vouées à disparaître.
Beaucoup de lièvres d'Amérique ne changent plus de couleur pour se camoufler dans la neige, puisque cette dernière se fait de plus en plus rare. - Pixabay
Autre exemple
(évocateur car très visuel) : en 2018, une étudemenée
par l’université du Montana (États-Unis) expliquait que le lièvre d’Amérique –
dont le pelage brun devient blanc en hiver pour se camoufler dans la neige et
échapper à ses prédateurs – conserve de plus en plus ses poils bruns toute
l’année face au manque de neige.
Entre les espèces qui
s’adaptent et celles qui disparaissent, il semblerait que la balance penche
largement d'un côté : 50 % des espèces vivant dans les régions les plus riches
en biodiversité risquent l'extinction d'ici à la fin du siècle. Pour ralentir la
détérioration de la nature, la perte de la biodiversité et l'extinction des
espèces, les spécialistes de l’IPBES appellent
à mettre en place des cibles et des actions communes en intégrant la
biodiversité dans tous les secteurs économiques.
* Scientific
Reports, 2019.
Par Marie Privé
Source: www.geo.fr
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