Le projet de
pôle agro-industriel dans la région du Bélier (2PAI Bélier) est le tout premier
agropole de Côte d’Ivoire. Financé à 80 % par la Banque africaine de
développement à hauteur de 121 millions de dollars, il a pour objectif de
relancer l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire dans une
région en déclin économique depuis 30 ans, malgré un potentiel important.
Diplôme
d’ingénieure agronome en poche, Madoussou Diomandé n’a nullement été tentée par
les bureaux feutrés d’Abidjan. Au contraire, elle a choisi d’accomplir son
parcours professionnel sur les terres agricoles de la capitale politique du
pays, Yamoussoukro. Elle fait partie des 27 premiers pensionnaires du centre
d’incubation de la ville.
Mis en œuvre par
l’Ecole supérieure d’agronomie de Côte d’Ivoire, le centre va dispenser six
mois de formation à ces jeunes, qui bénéficieront ensuite d’un fonds d’appui
pour un accompagnement de trois ans. « Mon projet ? Produire et
transformer des plantes locales en tisane, explique-t-elle. Je suis ici pour
obtenir un appui technique et managérial afin de mieux structurer mon
activité. »
Marcel Yao,
agripreneur et président de la coopérative Entente de Subiakro à Yamoussoukro,
a le même objectif que Madoussou Diomandé. Lui a choisi la vente et la
livraison de produits vivriers à domicile ou au marché. « Tout client qui
veut se faire approvisionner passe commande sur Internet ou par SMS et
téléphone dans les zones sans Internet. J’ai un partenariat avec des
transporteurs qui livrent dans les villes isolées. La formation acquise dans ce
centre va me permettre d’améliorer mon projet », raconte-t-il.
« Nous
accordons une priorité aux populations vulnérables, les jeunes et les femmes, à
qui est destiné le programme d’incubation et d’installation. Ils sont 800
jeunes à être ciblés, dont 400 jeunes filles », souligne Valérie Acka
Eponou, coordinatrice du projet « 2PAI Bélier », lancé il y a tout
juste un an.
Identifié dans
le cadre du dialogue avec le gouvernement ivoirien, le projet « 2PAI
Bélier » mise sur une dynamique des filières agricoles porteuses (riz,
maïs, manioc, légumes, porcin et poisson) et une implication accrue du secteur
privé, des jeunes et des femmes.
Le projet a des
objectifs chiffrés : réhabiliter 1 835 hectares de périmètres rizicoles
pour une production prévisionnelle de 22 000 tonnes de riz paddy ;
aménager 335 hectares de périmètres maraîchers pour produire 11 000 tonnes
de légumes ; exploiter 12 000 hectares de maïs et de manioc pour une
production attendue de 72 222 tonnes de maïs et 360 000 tonnes de
manioc. Quelque 461 600 personnes (64% des habitants de la zone) doivent
bénéficier du projet, dont plus de moitié de femmes.
« A ce
jour, nous avons 105 hectares de maraîchers en voie d’achèvement, 1 197 ha
de périmètres rizicoles en travaux dont 130 hectares à Zatta, 540 km de pistes
rurales achevés, 100 pompes villageoises réparées dans 100 localités et 50
forages équipés de pompe en construction », énumère Acka Eponou.
Hervé Kouassi
Kouamé, producteur d’ignames et de manioc, se réjouit de la piste aménagée par
le projet dans son village Allangoua : « par le passé, nous avions
des problèmes pour écouler nos produits vers la ville. Avec notre véhicule à
trois roues, nous ne réalisions que trois voyages qui rapportaient 90 000
francs CFA (163,5 dollars américains) par jour », se souvient-il.
« Depuis la
réhabilitation de la voie, nous effectuons six chargements de produits
agricoles dans la journée, pour un revenu de 180 000 francs CFA (327
dollars américains). Nos activités vont bon train et nous souhaitons qu’elles
soient étendues à toute la Côte d’Ivoire », conclut-il.
Par Axel Kenji
Source: BAD
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