Le "clean challenge", grand nettoyage estival pour "faire briller" sa cité
"Oh
les gars, prenez un sac, on commence !" Sous la pluie et les tours de la
cité des Indes (Yvelines), Piroo, cuisinier en fast-food de 27 ans qui
coordonne le "clean challenge", rappelle les consignes. "On met
des gants", "attention aux bouts de verre, les petits on touche
pas", lance-t-il avant de mettre les groupes en route, grands sacs
poubelles noirs à la main.
Emballages
de nourriture, bouteilles en plastique, mégots... les jeunes se penchent pour
ramasser ce qui traîne, d'autres essayant tant bien que mal de faire
fonctionner les pinces à déchets. Au mégaphone, un "grand" les
encourage et appelle les habitants à descendre pour donner un coup de main.
Certains curieux passent une tête, les félicitent et des enfants sortent rejoindre
le groupe - d'une cinquantaine de personnes au total.
"Le
problème ici, c'est sous les immeubles parce que les gens jettent par les
fenêtres, les parcs qui ne sont pas entretenus, et là où les jeunes
squattent", résume Piroo.
Le
"clean challenge" et son slogan "ma cité va briller" ont
été lancés début août à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise). Le but ? Nettoyer sa
cité et mettre au défi une autre d'en faire autant sur Snapshat ou Instagram,
en utilisant donc les "codes" de jeunes qui ont plutôt l'habitude de
se lancer des challenges dangereux, explique par téléphone Hind Ayadi,
fondatrice de l'association Espoir et Création, à l'origine de l'initiative.
Le
challenge a "pris" dans toute la France. Relevé dans plusieurs cités
de banlieue parisienne, il s'est notamment exporté à Roubaix, Montpellier et
Marseille. La semaine prochaine, il sera dans le Loiret, à Nice, Saint-Etienne
et Bordeaux.
-
"Pour la planète" –
A
la cité des Indes, on a voulu relever le défi "d'abord "pour la
planète", puis pour les jeunes, "la relève", que Piroo veut
sensibiliser au fait que "ce n'est pas normal" de jeter des détritus
par terre. "C'est nous qui salissons, on va pas faire semblant que des
gens viennent chez nous jeter leurs déchets", dit-il.
"C'est
vrai que c'est sale", reconnaît Anaïs, 12 ans. Mohamed, 14 ans, en a
"marre". Lui ne jette jamais rien par terre ? "Sans mentir, ça
m'arrive, c'est pour ça que je me suis senti concerné".
En
doudoune rose et gants en plastique, sa petite soeur Lina prend son rôle au
sérieux. Imperturbable, elle ramasse derrière un buisson ce qui s'avèrera être
une vieille chaussette, pendant que les autres enfants prennent des mines
dégoutées.
Plus
loin, Omar, 29 ans, passe derrière un muret qui borde le trottoir et fait
barrage aux enfants. "Non les petits c'est bon, pas la peine de venir
ici", crie-t-il en rigolant, alors que ses copains ramassent des
bouteilles de bières.
En
fin d'après-midi, Adama, Slimane et Isaac, 11 ans, portent, concentrés, un
reste d'évier dans lequel ils ont entassé un tas de canettes vides. "On a
trouvé deux éviers", déclarent-ils fièrement. Sur un caddie, d'autres ont
posé les carcasses d'un Vélib' et d'une trottinette. Saadi, 14 ans, est hilare
parce qu'il a ramassé un emballage de préservatif.
Devant
le tas d'une dizaine de gros sacs bien remplis, tous posent pour la photo,
avant de défier les prochains : le quartier voisin --"pour que "ça se
propage de cité en cité", dit Piroo--, et Cergy-Pontoise "parce qu'il
paraît qu'il y a du travail".
Source :
AFP
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