Les multinationales de la pêche pillent les océans de l’Afrique de l’Ouest alors que le secteur artisanal est verrouillé par la COVID-19
Alors que
les gouvernements du Sénégal, de la Mauritanie et de la Gambie ont procédé à
des distributions de kits alimentaires d’urgence aux communautés locales à la
suite de la pandémie de COVID-19 [1], un nouveau rapport de Greenpeace expose
comment ces mêmes gouvernements ont continué de permettre le pillage
systématique des océans par les navires des entreprises de pêche
multinationales et l’industrie de la farine et de l’huile de poisson. Certaines
de ces industries sont allées jusqu’à essayer de tirer profit du contexte de
confinement lié à la COVID-19. [2]
“Les
stocks de poissons en déclin en Afrique de l’Ouest devraient être mieux gérés
et mieux sécurisés, pour nourrir les populations de la région avant tout,
surtout en cette période d’insécurité alimentaire imminente [3] et de perte de
biodiversité” a déclaré le Dr Aliou Ba, conseiller politique pour la Campagne
Océan à Greenpeace Afrique.
L’économie
mondiale est en récession et la région ouest-africaine n’est pas épargnée. Or,
au même moment, l’industrie de la farine et de l’huile de poisson se développe
en utilisant les stocks de poissons locaux pour produire de la nourriture pour
les animaux de compagnie, les porcs et les poissons de l’industrie de
l’aquaculture en Europe et en Asie, au détriment des populations vulnérables
d’Afrique de l’Ouest. Les gouvernements d’Afrique de l’Ouest doivent travailler
ensemble pour fermer ces usines pour de bon”, a conclu le Dr Ba.
Le
rapport de Greenpeace intitulé « Mal de mer: pendant que l’Afrique de
l’Ouest est verrouillée par la COVID 19, ses eaux restent ouvertes au
pillage » est basé sur l’observation de navires de pêche et des usines de
farine et de l’huile de poisson au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie de mars
2020 à fin juillet 2020, période durant laquelle les mesures de confinement
dues á la pandémie de COVID-19 ont été introduites dans les pays
d’Afrique de l’Ouest.
« Permettre
la poursuite des activités des usines de farine de poisson pendant le
confinement est vraiment un problème car cela a un impact sur
l’approvisionnement en poisson des populations locales et crée une concurrence
déloyale entre les usines et les femmes transformatrices de poisson, qui sont
touchées par les mesures de confinement », a déclaré le militant et membre
de la Plateforme des pêcheurs artisanaux de la pêche du Sénégal, PAPAS, Mor
Mbengue.
Sur la base des données du système d’identification automatique (AIS) utilisé pour les navires dans le monde entier, les recherches de Greenpeace Afrique confirment qu’au moins huit navires de pêche industrielle ont participé à des activités douteuses au cours de la période observée. Tous portent le nom de Fu Yuan Yu et il a été observé qu’ils affichaient des activités suggérant qu’ils pêchaient dans la zone économique exclusive (ZEE) sénégalaise alors qu’il était impossible de vérifier si leur license avait été obtenue dans le respect des règles et procédures. Dans d’autres cas, les navires semblaient utiliser une vieille astuce pour dissimuler leur position en manipulant les données de leur AIS. [4]
Greenpeace
conclu son rapport en demandant la fermeture définitive des usines de farine et
d’huile de poisson opérant en Afrique de l’Ouest, à l’exception de celles utilisant
exclusivement les déchets issus de la transformation des poissons inaptes à la
consommation humaine. Greenpeace demande également la publication de la liste
complète des navires autorisés à pêcher dans tous les pays de la Commission
Sous Régionale des Pêches (CSRP), un statut officiel pour les femmes
transformatrices de poisson ainsi qu’une réforme du processus d’octroi de
licences de pêche au Sénégal afin d’améliorer la transparence et l’inclusion du
secteur artisanal dans le processus de prise de décision. Enfin, Greenpeace
appelle tous les gouvernements de la Communauté économique des États d’Afrique
de l’Ouest (CEDEAO) à adopter un plan régional de gestion durable des pêches,
en mettant l’accent sur l’état de surexploitation des stocks pélagiques.
Notes :
[1]
Distribution d’aide alimentaire aux communautés dans le contexte de la
COVID-19.
En
Gambie: https://emedia.sn/GAMBIE-COUP-D-ENVOI-DE-LA-DISTRIBUTION-DE-L-AIDE-ALIMENTAIRE.html
En
Mauritanie: https://aidara.mondoblog.org/2020/04/13/covid-19-et-soutiens-sociaux-20-000-menages-cibles-et-des-couacs/
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