Le coronavirus chamboule l'agenda pour le climat et la biodiversité
L'année 2020 devait être une année clé pour le climat
et la biodiversité, mais le coronavirus a chamboulé l'agenda: la COP26 pour le
climat de Glasgow est repoussée à 2021 et d'autres rendez-vous majeurs sont sur
la sellette.
"Compte tenu de l'impact mondial et continu du
Covid-19, la tenue d'une COP26 ambitieuse et inclusive en novembre 2020 n'est
plus possible", a annoncé mercredi soir le gouvernement britannique. Cette
grande réunion annuelle sur le climat en 2021, toujours dans la ville
écossaise, aura lieu à une date communiquée ultérieurement.
Cette 26e conférence de l'ONU est considérée comme la
plus importante depuis celle de 2015 (COP21), qui avait débouché sur l'Accord
de Paris, après une session à Madrid fin 2019 sans réelles avancées.
Les Etats devaient réviser en 2020 leurs engagements
pour le climat. Les engagements actuels pris par les nations conduiraient à un
réchauffement du climat global de 3°C, bien loin de l'objectif de l'Accord de
Paris de le contenir en-dessous de 2°C.
"L'important, dans l'immédiat, c'est que le monde
se mobilise pour lutter contre la pandémie", a commentéà l'AFP Laurence
Tubiana, architecte de l'Accord de Paris. "Mais la crise sanitaire ne doit
pas nous faire oublier le changement climatique", poursuit-elle.
"La relance économique mondiale doit être
l’occasion de soutenir l’émergence d’une économie totalement compatible avec
les questions de biodiversité, de climat et de relocalisation des productions
alimentaires", abonde Yann Wehrling, ambassadeur français pour
l'Environnement.
D'autres rendez-vous majeurs pour la protection de la
nature vont connaître le même sort que le rendez-vous climat.
Le congrès de l'Union internationale pour la
conservation de la nature (UICN), attendu à Marseille du 11 au 15 juin, devrait
finalement se tenir en janvier 2021, selon une source proche du dossier.
L'annonce doit encore être officialisée.
Ces "JO de la biodiversité" sont l'occasion
pour des milliers d'acteurs de la conservation de la nature - gouvernements,
ONG, experts - d'établir des priorités et de lancer de nouvelles actions de
protection des écosystèmes que l'homme met à mal et qui sont pourtant
indispensables à sa survie.
- De nouvelles priorités? -
Ce congrès était aussi l'occasion de mettre à jour la
Liste rouge des espèces menacées de l'UICN et pour la première fois, de
sensibiliser le grand public à la nécessité de protéger la nature, avec des
expositions, des stands... Des dizaines de milliers de personnes étaient
attendues.
Le président français Emmanuel Macron avait également
prévu, en marge de ce congrès, un sommet de chefs d'Etat, en amont de la COP15
sur la biodiversité, elle-même prévue à l'automne.
Autre événement majeur de l'année attendu sur la
biodiversité, cette 15e réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité
biologique (COP15) doit servir à établir un plan mondial pour protéger et
restaurer les écosystèmes, indispensables à l'humanité d'ici 2050, après
l'échec des objectifs qui avaient été adoptés en 2010 pour la décennie écoulée.
Initialement prévue en octobre à Kunming, en Chine,
elle aura très certainement lieu elle aussi "en 2021, toujours en
Chine", au cours du "premier trimestre", a fait savoir Basile
van Havre, co-président des négociations, à l'AFP. Voire début avril, selon une
autre source proche du dossier.
Cette décision doit encore être officialisée par la
Convention sur la diversité biologique (CBD).
"Une fois le calendrier clarifié, il faut espérer
que la mobilisation (pour l'environnement) pourra reprendre", indique
Aleksandar Rankovic, expert à l'Institut du développement durable et des
relations internationales (Iddri).
Repousser la COP15 "donne plus de temps pour
développer des points techniques importants", estime-t-il. De plus,
dit-il, l'épidémie étant "très étroitement liée aux questions de
biodiversité (le coronavirus étant issu du monde animal), on pourrait y trouver
un argument supplémentaire pour pousser à plus d’ambition".
Le risque est toutefois qu'avec cette crise sanitaire
majeure, le ralentissement brutal des économies et le risque de chômage massif,
on assiste à un "changement dans l'ordre de priorité", reconnait cet
expert.
Autre sommet important, celui de l'ONU sur les océans
prévu au Portugal début juin, se tiendra également à une date ultérieure.
© 2020 AFP
AGM
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