Guterres : « Nous avons l’obligation de tout faire pour mettre fin à la crise climatique »
A
l’ouverture du Sommet Action Climat lundi au siège des Nations Unies à New
York, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé un vibrant
appel à l’adresse des dirigeants du monde, leur rappelant qu’ils avaient
l’obligation « de tout faire pour mettre fin à la crise climatique ».
« Si
nous ne changeons pas d'urgence nos modes de vie, nous mettons en péril la vie
elle-même », a déclaré M. Guterres dans un discours devant des dizaines de
chefs d’Etat et de gouvernement participant à ce sommet.
«
La science nous dit qu’avec notre trajectoire actuelle, nous devons faire face
à un réchauffement global d'au moins 3 degrés Celsius d'ici la fin du siècle.
Je ne serai pas là, mais mes petites-filles le seront. Et vos petits-enfants
aussi. Je refuse d'être complice de la destruction de leur maison et de leur
seule maison », a-t-il ajouté. « Je ne serai pas un témoin silencieux
du crime de condamner notre présent et de détruire leur droit à un avenir
durable. C'est mon obligation - notre obligation - de tout faire pour mettre
fin à la crise climatique avant qu'elle n'entraîne notre fin. Le temps presse.
Mais ce n'est pas trop tard ».
« Ce
n'est pas un sommet sur le climat. Nous avons assez discuté. Ce n’est pas un
sommet de négociation sur le climat car nous ne négocions pas avec la nature.
C'est un sommet d'action sur le climat », a insisté le Secrétaire général.
Il a rappelé que les participants à ce sommet (gouvernements, villes, entreprises,
acteurs financiers) sont venus avec des engagements.
A
la tribune, la jeune militante suédoise, Greta Thunberg, a lancé une mise en
garde aux dirigeants mondiaux : « Mon message est le suivant : nos
regards seront braqués sur vous ».
Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos mots vides - Greta Thunberg
« Ce n’est pas normal. Je ne devrais pas être ici. Je devrais être à l'école de l'autre côté de l'océan. Pourtant, vous venez à nous, les jeunes, pour vous donner de l’espoir. Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos mots vides », a-t-elle déclaré. « Tous nos écosystèmes sont en train de s'effondrer. Nous sommes au début d'une extinction massive et tout ce dont vous savez parler c’est d'argent. Un conte de fées de croissance économique. Comment osez-vous ? ».
« Depuis
plus de 30 ans, la science est limpide. Comment osez-vous continuer à détourner
le regard et venir ici et dire que vous en faites assez quand la politique et
la solution requise sont toujours absentes », a-t-elle ajouté.
Neutralité carbone d’ici 2050
Pour
réussir à mettre fin à la crise climatique, selon la communauté scientifique,
il faut à tout prix réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici
2030 ; atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ; et limiter la hausse de la
température globale à 1,5 degré Celsius d’ici la fin du siècle.
« Une
accélération des financements climatiques est donc nécessaire », a dit M.
Guterres. Cela veut dire reconstituer les ressources du Fonds vert pour le
climat, tout comme il est essentiel que les pays développés respectent
l’engagement pris de mobiliser, d’ici 2020, 100 milliards de dollars par an de
fonds publics et privés, afin de soutenir les pays en développement dans leurs
efforts d’atténuation et d’adaptation.
Le
Secrétaire général a rappelé que même si l’on réussit à baisser les émissions,
les effets dramatiques du changement climatique sont déjà là.
« L’adaptation est donc devenue une priorité absolue et une condition
essentielle pour augmenter la résilience des pays et des communautés et éviter
la souffrance humaine », a-t-il souligné.
Il
a remercié les pays qui ont d’ores et déjà augmenté leurs engagements, en
particulier ceux qui ont doublé leurs contributions au Fonds vert pour le
climat.
Selon
le Secrétaire général, ce sommet n’est pas censé résoudre tous nos problèmes du
jour au lendemain, mais il doit donner l’élan nécessaire pour activement mettre
en œuvre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat qui a été signé en
2015.
N’ayons pas peur d’être ambitieux, n’ayons pas peur d’accentuer la pression et, surtout, n’ayons pas peur de sans cesse rappeler la vérité et la réalité de la situation - António Guterres, Secrétaire général de l’ONU
Plusieurs
rencontres sont prévues à l’avenir : la Conférence des Nations Unies sur le
climat (COP 25), qui aura lieu en décembre à Santiago, au Chili, et l’année
prochaine, la Conférence sur le transport durable à Beijing, en Chine ; la
Conférence sur les océans à Lisbonne, au Portugal ; la Conférence sur la
biodiversité à Kunming, en Chine ; et le Sommet sur la nature à New York.
« N’ayons
pas peur d’être ambitieux, n’ayons pas peur d’accentuer la pression et,
surtout, n’ayons pas peur de sans cesse rappeler la vérité et la réalité de la
situation », a déclaré M. Guterres.
« Adressons
aux dirigeants politiques et aux acteurs des marchés le message suivant : la
transition vers une économie verte aboutira à de meilleures conditions de vie,
à de meilleurs emplois, à une meilleure santé, à une meilleure sécurité
alimentaire, à davantage d’égalité et à une croissance durable. Si nous
avançons ensemble, personne ne sera laissé de côté », a-t-il ajouté.
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