Beyrouth, Le Caire... Pollution alarmante dans les villes de Méditerranée orientale
Des
niveaux très élevés de pollution
de l'air ont été relevés au cours des dix dernières années dans les
grandes villes de Méditerranée orientale,
notamment Beyrouth et Le Caire, avec des conséquences sanitaires importantes,
selon les résultats d'un programme de recherche sur l'environnement
méditerranéen.
La
pollution à l'ozone et aux particules fines, les deux grandes familles de
polluants atmosphériques, s'avère particulièrement marquée dans cette partie du
globe, avec des niveaux bien plus marqués à l'est qu'à l'ouest de cette
latitude, a détaillé Agnès Borbon, chercheuse CNRS au
laboratoire de météorologie physique (CNRS/UCA), lors d'une conférence de
presse.
Ces
travaux s'inscrivent dans le programme "Mistrals", lancé en mars 2010
avec plus de 1.000 scientifiques de 23 pays qui ont étudié l'environnement
autour de la mer Méditerranée, et dont les premiers résultats sont dévoilés
cette semaine.
Pendant
10 ans, les équipes internationales, coordonnées par le CNRS, ont suivi en
continu la qualité de l'air dans l'Est méditerranéen, où les observations
"faisaient défaut", selon Agnès Borbon.
Elles ont
concentré leurs recherches sur Beyrouth et
les deux grandes mégalopoles de la région, Istanbul et Le Caire.
Les émissions du trafic automobile en cause
Leurs
analyses montrent un niveau élevé de pollution gazeuse, avec des quantités de
composés organiques volatils (COV) - l'un des précurseurs de la formation de
l'ozone - en augmentation très nette à mesure que l'on glisse vers l'est de la
Méditerranée: de Marseille, la limite à l'Ouest, à Beyrouth, la limite à l'Est,
le niveau de contamination de l'air en COV est multiplié par 3.
En cause?
Majoritairement les émissions du trafic automobile, associées à l'évaporation
des carburants (comme le chauffage domestique en hiver à Athènes). Une
règlementation de ces émissions "moins restrictive" à l'Est qu'à
l'Ouest pourrait expliquer la différence de niveaux, avance la chercheuse.
Ces
concentrations en COV sont en outre deux à trois plus élevées dans la capitale
libanaise qu’à Paris ou Los Angeles, deux mégalopoles des moyennes latitudes
nord, pourtant plus peuplées.
La
pollution aux particules très fines, au diamètre inférieur à 10 micro-mètres
(PM10), atteint également des niveaux inquiétants: dans l’air du Caire, les
relevés fournis par 18 stations de mesure ont montré des concentrations
moyennes (188 µg/m3) presque huit fois supérieures à la valeur guide fixée par
l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est de 20 µg/m3.
Ces mêmes
PM10 dépassent également largement ce seuil à Istanbul (100 µg/m3) et Beyrouth
(51,3).
Les
scientifiques ont estimé la mortalité liée à l'exposition chronique à la
pollution de l'air. Dans la capitale égyptienne, 11 % de la mortalité non
accidentelle chez les plus de 30 ans est ainsi due aux particules fines et 8 %
au dioxyde d’azote. Soit une mortalité de 62 pour 100.000 habitants - en
comparaison, la valeur donnée par l’OMS pour
la France est de 25 pour 100.000 habitants, rappelle le CNRS.
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