Covid-19 : une ville chinoise veut noter les habitants selon leur hygiène de vie
Le
dispositif pourrait commencer dès juin à Hangzhou, métropole de 10
millions d’habitants. Le « score de santé », de 0 à 100 points,
s’ajoute à un dispositif de traçage mis en place pendant la crise du
Covid-19.
La crise
du Covid-19 risque-t-elle de légitimer de nouveaux systèmes de surveillance, en
installant à la va-vite des dispositifs qui seront pérennisés par les autorités
une fois la crise surmontée ? La supposition n’en est plus une à Hangzhou,
ville de 10 millions d’habitants située à 180 km de Shanghai : la municipalité
prévoit de transformer une application de tracking introduite pendant la crise
et d’en faire un outil permanent de suivi de sa population, rapporte le Guardian.
Un prolongement des QR codes de couleur
Hangzhou
abrite le siège d’Alibaba, le géant chinois du e-commerce (c'est aussi la ville
natale de son fondateur, Jack Ma). C’est donc logiquement là-bas qu’a été lancé
en premier, dès février, un système de QR code qui s’est ensuite étendu dans le pays : baptisé Alipay Health Code et
développé par Alibaba, le système analyse les données de géolocalisation pour
savoir si un utilisateur s’est trouvé dans une zone sensible, ou à proximité
d’un malade, et ajuste tous les jours, selon ces données, la couleur du QR code
que le citoyen doit présenter aux autorités : si son QR code est vert, il peut
circuler librement, mais s’il est jaune ou rouge, il ne doit pas sortir de
chez lui pendant 7 jours ou 15 jours.
C’est ce
système de QR code santé que la ville de Hangzhou prévoit aujourd’hui
d’augmenter, avec l’attribution d’un nouveau score, entre 0 et 100, pour chaque
citoyen. Ce score évoluerait en temps réel selon le dossier médical, le niveau
d’activité physique ou des indications sur l’hygiène de vie de la personne.
Des captures d’écrans de l’application montrent que
figurent, parmi les critères, le nombre de cigarettes fumées, le nombre de pas
effectués au cours de la journée, ou le nombre d’heures de sommeil. Boire un
verre de vin pourrait faire perdre 1,5 point, et dormir une nuit de 7 heures en
faire gagner un.
Comment
de telles données seraient-elles collectées ? La mairie ne le précise pas
mais indique que le dispositif pourrait commencer dès juin, l’objectif étant
« d'améliorer la santé et l'immunité » des citoyens, assurent
les autorités de Hangzhou. Contactée par CNBC, Alibaba assure de son côté que la protection de la vie privée
de ses utilisateurs est « une exigence stricte pour tout service
impliquant un tiers sur (leur) plateforme ». « Dans
le cas du Covid, je pense que les gens étaient d’accord pour participer. Mais
si cela devient la nouvelle norme, ce sera une tout autre histoire », déclare à l'AFP Lawrence Li, spécialiste des
questions technologiques et défenseur de la vie privée, tandis que le projet
d'application suscite un tollé sur les réseaux sociaux chinois.
S'il est
mis en place puis étendu au reste du pays comme l'a été le système de QR code,
il s'ajouterait au dispositif de « crédit social » créé par le gouvernement
chinois en 2014 et qui analyse à l'échelle nationale le comportement des
citoyens en ligne et dans la vie réelle. Pour justifier celui-ci, l'un de ses
théoriciens, interrogé dans un documentaire récent diffusé sur Arte, Tous
surveillés : 7 milliards de suspects, estime qu'il « faut
d’abord la paix et la stabilité ; ensuite, on réfléchira aux droits de l’homme. »
AGM
Source
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire