Non, la 5G n’affaiblit pas le système immunitaire
Quoi qu’en disent de très populaires théories complotistes, le
déploiement de la 5G n’affaiblit pas le système immunitaire, un affaiblissement
censé, selon ces théories, avoir favorisé l’éclosion de la Covid-19.
À l’origine de plusieurs rumeurs
Parmi les nombreuses théories étranges sur l’origine de la
Covid-19 recensées ces
derniers mois, il y en a plusieurs qui tournent autour du déploiement de la
cinquième génération de technologie de téléphonie cellulaire (appelée
communément 5G). Des centaines de milliers de comptes Facebook, YouTube et
Instagram, les ont relayées. Le 26 janvier, on recensait un pic de mots-clés
« coronavirus » et « 5G », au moment même où on
enregistrait les premiers cas américains.
Le Dr Thomas Cowan, qui se décrit comme anthroposophe —un
courant ésotérique parfois qualifié de « secte » — s’est
rapidement imposé comme un grand promoteur de ces théories, depuis qu’il a
diffusé une vidéo qui, dès la première semaine, a été partagée 16 000 fois
et a obtenu 390 000 vues. Signalons que le Dr Cowan fait l’objet de
recours disciplinaires en Californie après une plainte pour prescription d’un
médicament anti-cancer qui n’avait pas été approuvé par les autorités.
Ces théories ont aussi été relayées par des célébrités comme
les acteurs Woody Harrelson, John Cusack et Roseanne Barr, les chanteuses Keri
Hilson et M.I.A., ou le boxeur Amir Khan. Plus récemment, plusieurs tours de
cellulaires ont été incendiées au Royaume-Uni et dans la foulée, le déploiement
de la 5G a été temporairement suspendu en Belgique.
Dans certaines variantes de ces théories, Cowan et d’autres
défendent entre autres l’idée que la 5G affaiblirait le système immunitaire,
facilitant du coup l’infection.
Controverse de longue date
Les ondes de téléphonie cellulaire font partie, comme
l’ensemble des ondes radio, de la catégorie définie par les physiciens comme
« non ionisantes », c’est-à-dire qu’elles n’ont pas la puissance
nécessaire pour endommager des molécules à l’intérieur de notre corps —par
exemple, notre ADN— au point de perturber des fonctions telles que le système
immunitaire. Cette catégorie dite d’ondes à faible fréquence inclut aussi la
lumière visible, les micro-ondes et l’ensemble des ondes électromagnétiques
émises par nos appareils domestiques, du frigo à l’ordinateur.
On classe à l’inverse parmi les ondes « ionisantes »
la lumière ultraviolette, les rayons X et gamma qui, eux, peuvent briser les
liens entre les molécules et causer le cancer. Il subsiste une interrogation
quant à la possibilité qu’une exposition prolongée aux ondes non ionisantes
pourrait avoir certains effets sur le métabolisme de systèmes simples (embryons
de poulets, cellules nerveuses en culture, etc.). Mais selon une évaluation de l’Institut national de santé publique du Québec, aucun
effet néfaste des ondes cellulaires, radio ou wi-fi, n’a été démontré jusqu’à
maintenant.
La 5G utilise des ondes de fréquence plus élevées que les
générations précédentes de téléphonie cellulaire, appelées « ondes
millimétriques », qui sont également non ionisantes. Ces ondes ne voyagent
pas très loin et nécessitent un très grand nombre d’antennes, ce qui alimente
les craintes de surexposition, qui stimulent à leur tour les théories du
complot.
Certains scientifiques s’en inquiètent toutefois :
une revue de la littérature publiée par des chercheurs
italiens en 2018 expose le faible avancement de la recherche sur ce plan.
L’attention d’une bonne partie des études relevées (publiées entre 2011 et
janvier 2018) se tournait vers les risques supposés de cancers causés par une
exposition de proximité (comme un téléphone) ou d’effets neurologiques ou
métaboliques (niveaux de cholestérol, de glucose, etc.). Le système immunitaire
ne semble pas avoir été sur les écrans radar de ces recherches, en dépit du
fait que plusieurs de ces études portaient sur des animaux ou des
humains.
D’autres études font par contre état de l’absence d’effet des
ondes 5G sur la physiologie humaine, dont celle de la Commission internationale de
protection contre les rayons non ionisants, publiée dans la revue Health
Physics en 1998. Ces travaux ont établi des normes d’exposition,
dont le niveau sécuritaire est fixé à 300 GHZ, alors que celui de la 5G joue
dans les dizaines de GHz, rappelle Full Fact, média britannique de
vérification des faits.
De plus, les niveaux de radiations électromagnétiques liées à
la 5G sont 66 fois moins élevés que les normes de sécurité édictées par l’OFCOM (le
régulateur de l’industrie britannique des télécommunications), ajoute Full
Fact.
AGM
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