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De nouvelles variétés de riz KBR pour booster la production au Burkina Faso

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De nouvelles variétés de riz KBR pour booster la production au Burkina Faso

Quatre nouvelles variétés de riz viennent d’être mises au point par des chercheurs de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) au Burkina Faso. Fruit de travaux qui ont duré environ huit (08) années, elles sont respectivement baptisées KBR2, KBR4, KBR6 et KBR8 (KBR pour KamBoinseRiz).

D’après les chercheurs qui les ont développées, ces nouvelles variétés de riz se caractérisent d’une manière générale par un cycle de production plus intermédiaire variant entre 110 et 120 jours et un meilleur rendement allant de 8 à 10 tonnes à l’hectare (ha).
“Nous avons sélectionné les variétés KBR pendant huit ans pour obtenir aujourd’hui des lignées plus stables et beaucoup plus rentables en termes de productivité et de tolérance à plusieurs stress”, expliqué Edgar Traoré, généticien à l’INERA.

La plupart des variétés de riz cultivées au Burkina Faso sont vielles de plus d’une décennie. En effet, l’INERA a contribué à la vulgarisation de près d’une soixantaine de variétés de riz dénommées FKR suivi d’un nombre pair pour les systèmes, irrigué et basfond et d’un chiffre impair pour le système pluvial.

Parmi cette panoplie de variétés, quatre se démarquent clairement du fait de leur préférence au niveau des producteurs mais aussi des transformateurs et consommateurs. Il s’agit des variétés FKR60N, FKR62N de type NERICA (New Rice for Africa) introduite par l’INERA depuis 2008, de FKR84 ou Orylux6 (introduite officiellement par l’INERA en 2019) et enfin la variété FKR64 ou TS2 ou encore riz de Bagré introduite depuis 2006 par la coopération chinoise.

De façon spécifique, l’Orylux6 est une variété aromatique qui produit entre 5 à 6,5 tonnes à l’hectare, entre 95 à 105 jours. Quant à la variété TS2, elle a un cycle d’environ 115-120 jours pour un potentiel rendement de l’ordre de 6 tonnes à l’hectare. Quant à la variété FKR60N, elle se démarque par un cycle relativement court compris entre 95 et 105 jours avec un rendement potentiel de 5 à 7 tonnes par hectare. De son côté, la variété FKR62N produit également 5 à 7 tonnes à l’hectare pour un cycle intermédiaire de 115 à 120 jours.

S’agissant de la série de nouvelles variétés dénommées KBR pour KamBoinseRiz, elles ont été développées par l’INERA/CREAF de Kamboinsé.  Quatre (04) d’entre elle ont déjà été proposées pour inscription dans le catalogue variétal national, elles ont toutes des potentiels de rendements entre 8 et 10 tonnes à l’hectare. Fruit de travaux qui ont duré environ huit (08) années, elles sont respectivement baptisées KBR2 ou Massamalo, KBR4 ou Nongsaamè, KBR6 ou Bitonkini et KBR8 ou Mouifiida.

« Nous avons sélectionné ces variétés pendant huit ans pour obtenir aujourd’hui des lignées plus stables et beaucoup plus rentables en termes de productivité et de tolérance à plusieurs stress», confie Edgar Traoré, généticien et spécialiste en amélioration variétale du riz à l’INERA/CREAF de Kamboinsé.

Ce dernier explique en outre que contrairement à d’autres variétés de riz cultivées dans le pays, la production de ces quatre nouvelles variétés exige moins d’eau ; parce que « les sources des gènes exploités sont des lignées de riz reconnues résistantes/tolérantes aux maladies et/ou à la sècheresse ».
Les chercheurs ont également voulu que ces nouvelles variétés apportent une réponse aux maladies du riz et aux aléas climatiques qui occasionnent des pertes de récoltes pour des milliers de producteurs.

C’est ainsi qu’elles sont tolérantes aux maladies telles que à la panachure jaune du riz causée par un virus (RYMV), appelée couramment « le sida du riz » et à la pyriculariose du riz, causée par un champignon pathogène.
Les travaux ont consisté à un long processus d’amélioration variétale à travers des croisements effectués entre des variétés de riz identifiées pour leurs attributs de préférence par les producteurs/consommateurs  et des lignées de riz donneuses de gènes d’intérêt en termes de résistance/tolérance aux maladies et  à la sècheresse. Ensuite une technique de sélection appelée « Single Seed Decent » a été utilisée pour la fixation de lignées élites à haut rendement résistantes/tolérantes aux maladies avec de bonnes caractéristiques des grains.

Pertes de récoltes dues au RYMV

« Ces maladies en l’occurrence la panachure jaune du riz, peut occasionner des pertes de récolte allant de 25 à 100% de la production. Car, si l’attaque est sévère et précoce, le producteur peut ne rien récolter ; surtout que la contamination au niveau du champ progresse très vite », indique Edgar Traoré. Dans diverses localités du Burkina Faso, les producteurs manifestent d’ores et déjà leur intérêt pour ces nouvelles variétés améliorées de riz de la série des KBR.
A Bagré au centre-est du pays, les producteurs sont régulièrement sensibilisés à l’utilisation des semences de variétés améliorées, souvent par des ONG comme Santé et promotion humaine (SAPHE) qui montre l’exemple sur une parcelle de 14 ha.

Ils ont été initiés aux nouvelles techniques agricoles qui portent sur le placement profond de l’urée qui est une nouvelle approche, la réduction de la quantité de semences à utiliser et la quantité des engrais, soutient Jules Somé, représentant pays de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, autre ONG impliquée dans la vulgarisation de ces nouvelles variétés de riz.

Kadidiata Korogo est une productrice de riz et mère de cinq enfants. 47 jours après les semis sur sa parcelle d’environ un hectare et demi, les plants sont au stade de montaison. De plus, l’état de son champ montre qu’il y a eu un labour profond du sol, si bien que le terrain a été rendu homogène.
« Grâce aux conseils des agents de l’agriculture, mon champ ne connaît pas d’attaques de chenilles », confie-t-elle tout sourire, caressant l’espoir de récolter environ sept tonnes de riz et de pouvoir en vendre une partie pour satisfaire les besoins de sa famille.

Importation

Selon son ministère du Commerce, le Burkina Faso consomme chaque année 650 000 tonnes de riz dont 400 000 tonnes viennent de l’importation. « Ce qui montre qu’il y a un marché très important et une opportunité à saisir pour les producteurs locaux », analyse Jules Somé.
Pour inverser la tendance, le pays veut miser sur les nouvelles variétés de riz à haut rendement. 

A terme, elles sont censées permettre d’assurer l’autosuffisance en matière de riz dans ce pays sahélien.
« Cela permettra également de renforcer la compétitivité du riz produit localement et de s’assurer qu’il répond aux attentes des consommateurs et reste compétitif face au riz importé », espère Rachid Simboro, technicien supérieur au programme riz et riziculture de l’INERA.

Au total, avec les résultats de cette recherche scientifique, le gouvernement burkinabè vise la production d’un million de tonnes de riz par an. Pour atteindre cet objectif, confie Salifou Ouédraogo, le ministre de l’Agriculture et des aménagements hydroagricoles, 50 000 hectares de terres irrigables doivent être aménagées.


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